mardi 2 novembre 2010

2 novembre 2010 - New York vol.28

New York, l'espace d'un week-end, est devenue folle. Folle à lier. C'était Halloween.
Il y a de tout dans cette fête, et ils s'y plongent avec tant de… eh bien de bonheur ! Ils aiment cette fête, tout simplement, de façon aussi génuine que les enfants aiment noël, mais ici, Halloween, ce n'est pas que pour les enfants.





La fête dure 3 jours, et avant cela, toutes les maisons de New York, du taudis à l'hôtel de luxe, sortent squelettes et toiles d'araignées du placard et se parent d'un orange de circonstance. Mention spéciale d'ailleurs pour le New Jersey, où les mignonnes petites maison sagement alignées prennent des airs de canailles avec des décorations volumineuses, de véritables mises en scènes de films d'horreur, orchestrée le plus souvent par des squelettes ou des fantômes. Ailleurs, cependant, comme on pouvait s'en douter, la discrétion des décorations est inversement proportionnelle au revenu. Mais en France, il y aurait quelque chose comme de l'honneur en jeu. Noël est en France une fête noble et Halloween une fête de prolétaires : vous voyez des sapins enluminés même chez Sonia Rikiel, vous ne voyez des citrouilles qu'à Auchan. Oh mais que je sache, le conservatisme des classes aisées n'est pas que politique, et qu'il s'agisse de langage, de fêtes ou d'habitudes de vie, on n'y est pas prompt à l'adaptation. Mais on finit par s'y rendre, malgré tout.


Quoiqu'il en soit pendant la journée, des gamins à peine sortis de leur poussette viennent de porte en porte avec des sauts ou des marmites les remplir d'assez de sucreries pour leur donner une crise de foie par jour pendant le reste de la semaine. Ils ont les yeux qui brillent, rendus pantelants par le million de possibilités, le million de portes cachant des bonbons de toutes les couleurs, tout autour d'eux. Imaginez des enfants que vous connaissez et dites-leur que le père noël les attend avec des cadeaux pour eux derrière toutes les portes, vous n'obtiendrez pas une réaction différente. Mais là, en prime, ils sont fiers. Fiers de leurs costumes ! C'est que les américains, certes, ne conçoivent pas Halloween comme on conçoit le carnaval, avec des costumes faits de bric et de broc. C'est sans doute un peu triste, je l'admets, mais je l'admets aussi avec mon regard d'européenne pour qui consommation est ennemie de créativité, et créativité synonyme de bonheur. Ici, a priori, pour avoir un beau costume il faut y mettre le prix. Alors bien sûr dans Harlem les enfants sont déguisés en Superman, en citrouilles, en policiers et en cow-boys, tandis que dans Manhattan ils ont des costumes plus raffinés, de plusieurs pièces : le pirate porte corset, tricorne et montre à gousset, la galante une robe à crinoline et un large chapeau sur une perruque bouclée… Mais s'il y en a qui s'en balancent royalement, c'est bien eux !


Vers 10h, les tout-petits rentrent chez eux, les plus grand prennent la relève, plus discrets et se cachant un peu de ce plaisir coupable : ils sont grands maintenant, ils s'en foutent, hein, des bonbons… hum…


Mais pendant ce temps, à partir de 7h le jour d'Halloween, (et les deux autres jours un peu partout dans Manhattan et principalement à Times Square), ce sont les jeunes qui s'y mettent. Le jour d'Halloween, le malin se rendra au Village (quartier du sud de Manhattan), et l'encore plus malin l'évitera. La parade, avec chars et animations, m'est un peu passée sous le nez sans que j'ai pu en découvrir grand chose, parce que mon mètre soixante n'est pas monté sur ressort : il y a autant de monde que lors d'une fête de la musique à Toulouse. Je sais, je trouve ça insupportable à Toulouse. mais ici il y a quand même deux différences de taille : comme il est interdit de boire, cette jeune masse est sobre, hallelujah, mais surtout ils sont tous déguisés. Oui, oui, vous vous en doutiez. Moquez-vous. Qu'ils soient fabriqués ou achetés (avec à mon avis une légère avance pour ceux fabriqués, on ne se refait pas), ces costumes sont fabuleux. Et surtout ils en portent tous ! Pendant 3 jours j'ai pris le métro avec des sctroumpfs, des choux, des chats, des militaires, des soldats en plastique géant, des bébés, des Gandalf, des tout-ce-que-vous-voulez-ils-l'ont. Mais le jour d'Halloween, il est temps de sortir le grand jeu. Deux hommes s'étaient déguisés en feux pour piéton : les feux pour piéton ici sont en deux parties : une main rouge pour s'arrêter, un bonhomme blanc qui marche pour traverser, le tout lumineux. Donc l'un des hommes était encastré dans une immense main entièrement recouvertes d'ampoules rouges, tandis que l'autre avait fait les contours de sa silhouette avec des ampoules blanches. Ils ne pouvaient pas avancer de dix mètres sans que quelqu'un les prenne en photo. Des monstres fabuleux, plantés sur des échasses, des idées saugrenues, ou drôles, ou inquiétante, et tant de choses à regarder au mètre carré que ça en donne le tournis. Tout le monde regarde tout le monde, et quand on aime le costume de quelqu'un, on le lui fait savoir par un signe ou par une photo dans le vacarme ambiant (cependant modéré la plupart du temps).




Seul regret, cette mode désagréable du déguisement pour femme “sexy”. Sexy-chat, sexy- infirmière, sexy-Alice au Pays des Merveilles, Sexy-autruche, sexy-sexy et j'en passe, tout est prétexte à porter des portes-jarretelles apparentes et des chaussures à talons très haut. La plupart du temps, ça ne me serait pas désagréable à voir, si je ne trouvais pas ça un peu triste qu'Halloween soit un prétexte aussi commun pour se trouver sexy. On ne peut pas dire que j'avais joué la même carte, puisque j'étais habillée de façon normale, mais que je m'étais fabriquée et avait peint méticuleusement (ou presque) un masque à crête de monstre marin aux énormes dents sanguinolentes, ainsi que des palmes pour les mains et une autre crête sur le dos. J'avais contourné le tout de lignes phosphorescentes.
Il était aussi amusant de voir les costumes de ceux qui n'ont pas d'inspiration : j'ai vu un million de chapeliers fou, en plus des indémodables vampires et autres zombies). Les films ont vraiment un impact très fort sur les costumes d'Halloween. par exemple, j'ai aussi vu un nombre incalculable de maximonstres, de qualités diverses. Et ceux qui sont à court d'idée à un point ridicule semblent ressortir les costumes des années précédentes : j'ai ainsi vu un sacré paquet de masques de V pour Vendetta, ainsi qu'un Morpheus tellement crédible que je me suis demandée un moment si ce n'était pas l'acteur lui-même qui s'était pris au jeu de mettre son propre déguisement.
Cependant je me suis plus attardée sur la bande de Playmobiles (Playmobile Frankestein, Playmobile Princesse Leïa, etc) me demandant lequel d'entre eux avait eu l'idée géniale de se déguiser en quelque chose déguisé en quelque chose, et comment il avait fait pour convaincre ses camarades que ça marcherait. Je repensais à une exposition de photo que j'étais allée voir de Sophie Calle, je crois, mais je peux me tromper du tout au tout, où la jeune artiste s'était déguisée en clown déguisé en autre chose. Gêne garantie.


Mes amis ont fini par me rejoindre et nous sommes entrés dans un restaurant à chocolat, dont le chocolat chaud coule dans des tuyaux qui traversent anarchiquement la pièce. J'y ai pris un Chai au chocolat blanc. L'idée paraît étrange, mais certainement pas autant que ce que nous avons commandé avec (nous avons attaqué à trois une part faite pour une personne, ce qui s'est avéré être une idée de génie) : une pizza au chocolat au lait, beurre de cacahète, marshmallows et banane. Vous ne me croirez pas, mais c'est en réalité moins lourd que ça ne semble, et surtout très bon. L'eau me revient à la bouche en écrivant ces mots.


Ce fut la fin d'un week-end plein de folie.


J'ai oublié de raconter mon dernier tournage. C'est qu'il est difficile d'écrire quand on vit des choses, et c'est là pourtant qu'elles sont le plus intéressantes à écrire. Je n'oublierai pas d'en parler un peu… Ainsi que de mon nouvel appartement.







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