dimanche 21 août 2011

Dimanche 21 aout : Roumanie vol.13


J'ai passe une bonne partie de la nuit a maudire en pensee notre camping qui a ose s'installer au coeur d'un parc qui, de nuit, sert de boite dansante.

Et j'etais encore d'humeur massacrante quand nous avons pris notre petit dejeuner dans un restaurant tout proche, dans le parc, dont les heuts-parleurs hurlaient des problemes existentiels aux rimes riches et rythmes pauvres (“je t'aime a mort, c'est pourquoi je t'epouse a la vie a la mort, meme si je dois en souffrir a mort, a mort, a mort…” : j'aime voir a quel point la culture francaise exporte facilement ses joyaux d'art et de philosophie).

La transition des monasteres au centre de la superficialite bruyante et du mauvais gout criard avait ete trop rapide. Les attractions elle-memes etaient sans interet : seulement des rotissoires pour bofs en maillot de bain et une tripote de fast foods.

Quitter cette ville, laide jusque dans ce qui fait sa fierte, nous a donc allegees chaque minute un peu plus dans le bus qui nous menait a Bicaz. La, une voiture puis une autre nous ont embarquees et deposees a Gheorghini. Mais nous avions prevu notre itineraire de telle sorte qu'entre Bicaz et Gheroghini nous traverserions les gorges de Bicaz, dont je suis encore fremissante. Comprenez que c'etaient les premieres gorges de cette envergure que j'admirais. Elles s'imposaient a moi, a mes pensees, emplissant tout a la fois l'espace et mon esprit, a croire que les univers de la physique et de la metaphysique ne font qu'un a l'egard du grandiose.


Et si cet article n'a pas de chute et pas de fin, c'est qu'au fond notre arrivee a Brasov, ou nous resterons toute la fin de notre sejour, n'est pas assez decisive pour m'oter l'envie de terminer ce texte a l'image de ces falaises, par un point apres lequel on suppose devoir trouver quelque chose, mais apres lequel, justement, il n'y a rien.


samedi 20 août 2011

Samedi 20 aout : Roumanie vol.12

Il y a des jours comme celui-ci ou tout entre dans la categorie “bien, mais pas top”.
Je crois qu'etre reveillee ce matin par les vepres n'a pas eu l'effet spirituel escompte. Deja parce qu'un reve erotique se terminant par des moines psalmodiants, c'est bien, mais pas top. Mais aussi parce qu'etre, des l'ouverture des paupieres, l'etrangere absolue (a ce pays, et a son dieu) recele une forme de violence. En realite je peux le dire, malgre les beautes incomparables que nous avons vu ces derniers jours, on en a soupe du Saint Machin et de Truc l'Eternel. On avait toutes deux des regards de cocker quand on a quitte le monastere de Secu pour celui d'Agapia la Nouvelle. Differentes voitures nous y ont menees malgre l'heure matinale, et de chaque cote de la route je regardais encore une fois ces murs interminables de sapins, et je pensais a la foi. Pour conclusion de toutes mes pensees je donnais cette finalite evidente et terrible : il est tout aussi horrible pour moi de penser que, auraient-ils tort de croire, des milliards de religieux de toutes epoques et de toutes confessions auront sacrifie leur vie au neant, humiliation ultime ( dont fort heureusement personne ne sera en mesure de temoigner) que de me dire que, aurais-je tort moi-meme, pour avoir donne ma foi a l'homme et aux petites choses, j'aurais moi-meme sacrifie ma mort, seule a etre veritable -terreur ultime.
C'est toujours a des dilemnes sans originalite de ce genre que je suis ramenee quand je baigne trop longtemps dans une atmosphere mystique. Ca impregne l'air que je respire, et parce qu'au fond je refuse de laisser place au doute ca ne laisse que des impressions pegueuses a la surface de mes idees.

Agapia la nouvelle, donc, bien mais pas top, aura marque notre passage des monasteres d'hommes a ceux de femmes dont la particularite (outre leurs miels et leur delicieuse confiture de cerise amere) est la quanite de fleurs tapissant sols et maisons.
Toutes ces taches de couleurs n'eveillaient plus de grand interet ni chez C. ni chez moi, et nous sommes bien vite sorties en soupirant.

Une micro-rendonnee d'une heure devait nous mener de la a Agapia Veche (Agapia la Vieille) a travers bois, et je profitais de cet instant, je l'avoue tres honteusement, pour cesser d'ecouter C., qui avait decide de combattre sa propre morosite en faisant ce qu'elle sait faire de mieux : parler et chantonner. Je ne repondais pas, toute a mes pensees, de sorte qu'un regard etranger aurait pu trouver notre duo bien comique. C'est ainsi que la carpe et la pie sont entrees dans le petit monastere recule d'Agapia Veche. Personne ici si ce n'est la dizaine de nonnes qui y vivent. L'une d'ailleurs ramenait de l'eau a la surface du puit, une deuxieme portait le linge pendant qu'une troisieme, m'arrachant malgre elle un leger sourire, balayait la paroi inpeccable de l'Eglise. Je dois bien reconnaitre cependant que ladite construction etait fort belle, toute de bois arrange en differents motifs. Le tout noye dans un ocean de fleurs, de sorte que deux armees a rayures, guepes et abeilles, se sont chargees de nous envoyer valser aux portes du monastere, et nous avons redescendu bien vite la route que nous avions mis du temps a grimper.
Comme de coutume, des chiens errants nous suivaient, et C. semblait dorenavant preferer s'adresser a eux qu'a moi, ce dont je me rejouissais plutot, tout en reconnaissant avec amertume que les cabots eux-memes avaient plus de repondant que moi.

Apres le dejeuner, une voiture nous a menees au monastere de Varatec, dont nous avions decide de faire le dernier de notre sejour. Il en reste encore de nombreux dans la region, dont les merites sont loues aussi bien par notre guide que par nos rencontres, mais a peine avions-nous decide de mettre fin a cette splendide tournee de monasteres que nos coeurs se sont alleges (le repas qui avait selle cette decision ne devait pas y etre pour rien non plus). C'est alors que les milliers de fleurs du monastere de Varatec ont pu nous toucher de leur beaute toute naive.

Une charette (sans foin cette fois), puis une voiture, nous ont portees jusqu'a la grande ville betonnee de Piatra Neamt ou le hasard a fait que nous nous sommes effondrees sur la place centrale… devant l'eglise. C. etait extenuee au-dela de toute mesure et nous n'osions pas nous decider a chercher ou dormir. Nous avons du rester la une heure, a ne pas meme nous laisser aller a ne rien faire, comme perpetuellement sur le point d'agir et perpetuellement retenues par le banc sur lequel nous etions assises. Pendant cette heure, l'eglise s'est revelee a nos yeux une usine a mariees. Les robes blanches, immenses tasses renversees, se percutaient dans le parc ou nous etions, et s'avancaient vers le photographe, avec differents degre d'elegance, allant de la grace relative a la franche vulgarite.

Nous avons quitte ce bal involontaire pour prendre un taxi vers un vcamping qui s'avere etre en realite un gigantesque (et je le dis sans exageration aucune) parc d'attraction. A l'heure qu'il est les 4 ou 5 chansons (electro, dance, pop… bien, mais pas top) qui font collision a mes oreilles pour ne plus former que l'habituelle bouillasse de fetes foraines, me donnent mal a la tete. Tout ce que j'espere, c'est que ces musiques s'arreteront rapidemment et ne sont pas supposees durer toute la nuit.

S'il vous plait…

… priez pour moi.



vendredi 19 août 2011

Vendredi 19 aout : Roumanie vol.11

La citadelle de Targu Neamt, du haut de sa collinem est ce genre d'endroit que l'on prefere avoir vu que voir. Bien sur, c'est le moyen-age, et des mannequins en costume avec de longues epees sont la pour mimer statiquement les habitudes d'un autre age, mais au fond ils ressemblent a des automates casses, et habitent un lieu massif mais decharne. On y tue le temps a coup de vieilles pierres, mais pour un peu on s'y emmerderait carrement.

C'est pourquoi nous n'etions pas mecontentes de prendre le chemin de Neamt. La route etait longue, et nous sommes dans une region de la Roumanie ou l'on croise plus de monasteres que de commerces, aussi nous avons demande notre chemin a une nonne, qui nous a guidees quelques kilometres durant jusqu'a ce qu'une voiture nous embarque. Nous n'avions meme pas eu a tendre le pouce. Le couple qui nous prenait en stop se rendait au monastere car y etait enterre le grand-pere de la jeune fille. Elle avait ce visage ingrat des jeunes femmes roumaines, mais celui-ci etait sublime par des milliers de taches de rousseur et une tignasse rousse et frisee, qui donnaient volume et petillant a son corps sec et anguleux.
Son grand-pere avait ete moine a Neamt, et nous l'avons suivie jusqu'a la tombe de l'aieul, puis nos chemins se sont separes. Qu'importent a Neamt l'eglise ou le monastere : la beaute de l'endroit, quoique reelle, n'etait qu'une rivale parmis d'autres dans la region. Mais tout pres du charmant cimetiere, dans la cave, on trouve les ossements des moines deterres, leurs cranes principalement sur lesquels sont peints leur nom et l'annee de leur mort. Cette salle devrait exister dans tous les monasteres, tant il me semble qu'on comprend mieux la vanite de l'homme et la puissance de Dieu (si tant est que l'on ait la foi) au contact de ces ossements. On croirait un raccourci du temps, ou le vivant rencontre sa propre mort, ou la vie est un clin d'oeil et la mort un espace infini. Mon coeur d'athee trouvait bien cruelle la vison d'un marquage inutile sur des bouts de memoire brisee, et en meme temps je m'accrochais malgre moi au vertige de toutes ces epoques qui se rejoignaient enfin dans la mort ou le temps ne cesse de diviser.

Apres Neamt nous avons rejoint le monastere de Secu (apres un crochet par celui de Sihastria) ou mous nous appretons a passer la nuit. Nous avons ete accueillies par un tres jeune moine, roux encore, qui nous a presente notre chambre monacale et le reste du monastere dans un francais assez approximatif pour etre charmant. Je crois pouvoir dire sans me tromper que je suis plus agee que le moine en question, et je ne pouvais le regarder avec ces yeux que les fideles posent sur tous ceux qui portent la robe. C'etait sans malice, mais sans devotion, que je m'adressais a lui. Au fond de moi d'ailleurs je me disais que des yeux jeunes aussi doux, perpetuellement amuses, ne devraient pas trop ce tourner vers les cieux, ou rien n'est drole, et regarder plus souvent les jeunes filles (ou les jeunes hommes car -pardonnez-moi l'expression- je ne preche pas pour ma paroisse) ou se trouve la joie superficielle,la seule que j'ose appeler joie. S'il commet des fautes alors, il faudra que son Dieu lui pardonne, car il lui a donne ce visage. Peut-etre que c'est pour cela que l'on brulait les roux sur des buchers : ils peuvent agir en toute piete, leur visage penche deja vers le “peche”. Mais quel peche sans envergure je souhaite a ce mome de 20 ans ! Tenir une main, embrasser une bouche !
Pour toute reponse a mon regard il n'a rien a dire : son seul bonheur, evident, suffit a me prouver que j'ai bien tort de lui souhaiter ce qu'il ne souhaite pas.
Enfin le bonhomme en robe nous a mene en toute hate dans la cantine ou deux tres longues tables se faisaient face. A droite, les moines, a gauche les autres, dont beaucoup d'enfants. Le repas consistait seulement en une soupe au navet. Je n'imaginais pas un hamburger-frites, quoique depuis quelques jours sans que je m'explique pourquoi je donnerais un bras pour un plat de lasagnes, mais tout de meme, une soupe au navet, il n'y a bien que des moines pour accepter d'appeler ca un repas. Le moment difficile aura ete de supporter le long benedicite au cours duquel chacun des membres de la salle aura accompli pas moins de 6 signes de croix, C. et moi mises a part. J'etais tellement curieuse des coutumes de mes hotes que j'en oubliais ma gene, et me contentai de baisser le regard respectueusement en attendant que l'interminable litanie prenne fin. Apres quoi tout le monde s'est penche silencieusement sur son assiette pendant quelques minutes, avec empressement, jusqu'a ce qu'une petite cloche resonne. Alors tout le monde s'est leve, un des moines a a nouveau recite quelque litqnie auquel chacun a repondu par deux-trois signes de croix, avant de quitter la table.
Notre rouquin est venu nous voir pour nous dire de prendre notre temps, aussi nous sommes restees assises, interdites, pendant quelques secondes, mais de se voir seules dans la grande salle qui se vidait peu a peu nous a mises mal a l'aise et nous avons laisse la notre soupe (il se trouve que j'abandonne sans remord les plats a base d'eau et de navets) pour nous rendre dans notre petite chambre. Notre jeune hote etait bien desole d'apprendre aue nous ne resterons pas demain pour le petit dejeuner (et n'assisterions pas ce soir a la messe, ou je ne sais comment l'appeler, a laquelle il nous a convie ce soir entre 23h30 et 1h du matin), mais secretement nous n'etions pas bien desolees de ne pas connaitre un second repas comme celui-ci, tout instructif et passionant qu'il fut. Notre seul remord etait de ne pas rejouir ce garcon qui serait si vite devenu notre ami, n'etait cette soutane encombrante.

Car aujourd'hui comme chaque jour, ces eglises dont on eleve la beaute a la gloire de Dieu ont rivalise de couleurs et de finesse, mais leur beaute n'a pas pu rivaliser avec les simples traits d'un jeune homme.



jeudi 18 août 2011

Jeudi 18 aout : Roumanie vol.10

Le monastere de Dragomirna en soi n'etait pas a la hauteur de mes esperences. Il etait une etape d'une longue serie, mais sa renovation nous a empeche, malgre le billet que nous avons paye plein tarif, de voir rellement l'interieur de l'Eglise. Photo-photo-autostop, rien que de commun.


Nous sommes ainsi arrivees a Suceava, ville laide et industrielle, composee de longs boulevards de HLM et de vieux commerces ou, comme mangee par le beton tout autour, la petite eglise de Saint Dimitri nous a offert encore une fois le reconfort de ses parois entierement peintes. Reconfort perturbant toutefois car a bien y regarder chacune des vignettes sur les murs represente la mort d'un martyre religieux. Alors imaginez des disaines de saints, la gorge tranchee au sabre et dont les tetes aureolees, roulant les unes aupres des autres, donnent l'impression de tas de pieces d'or qu'un Mario ou Zelda viendrait recuperer plus tard. Ici un homme meurt sur un bucher. La, Judas se pend. Et ainsi de suite. Un instant j'aurais cru une parodie de fresque medievale, d'autant que dans l'entree nous sommes accueillies par un plafond decore des 12 signes astrologiques, chose unique au monde dans une eglise, et pour cause : je ne me souviens pas que la Bible ait dit quoique ce soit sur les Capricornes et les Balances, les Verseaux et les Cancers.

De Suceava nous avons vite decide de prendre le train pour Probota, dont nous comptions visiter le monastere. Il nous aura fallu seulement une petite heure de trajet et des que nous avons vu le panneau de la gare “Probota” nous sommes descendues, pressees par la controleuse qui ne voulait pas perdre une minute avant que le train ne redemarre.

Un moment qui m'a semble des heures nous sommes restees prostrees, sacs sur le dos, sans savoir que dire ou faire. Mais la seconde d'apres nous riions a gorge deployee. Il n'y a pas bien d'autres facons de faire quand vous vous trouvez comme nous dans une telle situation : nous n'etions nulle part. Reellement nulle part : aucune route, aucune habitation, aucun chemin, des champs a perte de vue et au milieu les rails se rejoignant a l'horizon d'un cote et de l'autre du petit panneau bleu “Probota” qui maintenant ressemblait a une blague. L'endroit n'existe pas sur la carte routiere, et pour cause, ni sur le guide du routard. Ni nulle part ailleurs je n'en doute pas.

Apres quelques minutes de desoeuvrement nous avons decide de longer un champs. Il semblerait que la chance ait alors rejoint notre equipage car nos pas nous ont mene sur un chemin de terre cabosse que nous avons remonte un moment. Et puis tout d'un coup devant nous : une charette. L'homme, accompagne de sa petite fille d'une dizaine d'annees, nous regardait de ces yeux noirs qu'ont par ici les villageois qui n'aiment pas les etrangers. Nous lui avons demande ou se trouvait le monastere : sur l'autre versant de la colline, a 3km. Rassurees, C. et moi avons repris notre marche. Mais la chance nous accompagnait toujours et ne l'entendait pas de cette oreille, de sorte que la charette en question allait dans la meme direction que nous et que pendant quelques minutes nous la suivions gaiement, chargees et fatiguees, mais motivees. Le spectacle de ces deux jeunes filles chargees comme des anes suivant au meme rythme qu'elle une charette tiree par un cheval vigoureux et conduite par un homme rigoureux a du paraitre trop cynique a cet homme aussi, car il nous a bientot fait signe de grimper. Sur le foin de la charette brinqueballante, j'etais une petite fille joyeuse que la promenade ne laisserai pas.
L'homme parlait beaucoup a son ch..mais ne disait pas un mot aux etres humains), et parfois il sifflait et soufflait en venant presser sa langue a l'arriere de sa bouche, ce qui est exactement ma facon naturelle de former les “s”, et je me disais que moi aussi, alors, quand je serai grande, je pourrai conduire des charettes.
Nous avons traverse le village, ou il n'y a pas une seule route mais quantite de charettes immatriculees (?!) et de vaches, de chevres et de dindons rentrant au bercail, pour enfin arriver au pied du monastere.

Les nonnes de celui-ci nous ont accueillies avec un sourire apaisant qui renouait avec l'idee que je me faisais de l'ordre religieux : le coeur tourne vers Dieu et les mains vers le prochain. Vous vous moquerez de moi si je vous decris encore fresques et tapis, alors je dirai seulement qu'apres Sucevita, c'est peut-etre le monastere qui m'aura le plus touche. Mais il a bien fallu repartir, alors que le soleil commencait a decliner, baignant l'eglise d'une lumiere a proprement parler divine alors que les nonnes chantaient leurs louanges.

La question etait de savoir comment repartir. Car la difficulte de ces villages de pas grand chose, c'est qu'ils sont entoures de beaucoup de rien. Ca protege du trop que l'on trouve partout ailleurs. Mais quitte a s'enfoncer dans le rien, et planter notre tente dans des limbes de verdure, autant faire les choses bien et tracer notre route aussi loin que possible avant que le soleil ne disparaisse definitivement. Nous avions vu assez de merveilles pendant la journee pour mediter tranquillement en regardant passer vaches et chiens errants, et de fait nous avions un bon rythme de marche. Nous avons depasse une famille dont les membres les plus jeunes lavaient la voiture sous l'oeil averti de la grand-mere, assise sur le perron au milieu de ses poules et dindons. Ces betes sont aussi laides et grosses qu'elles ont l'air stupide, et parce que C. aime surprendre personnes et animaux de reactions inattendues, elle s'est mise a imiter le dindon, les yeux gros, et le cou en avant, avec des bruits ridicules, tout en continuant sa marche. La vieille femme a alors eclate de rire de bon coeur et nous a demande ou nous allions. Nous avons repondu de notre meilleur accent roumain, et pour toute reaction elle est entree dans sa maison. Elle en est ressortie quelques secondes plus tard avec 4 enormes tranches de brioche a la puree de pavot qu'elle nous a tendues. Nous etions heureuses, avec en main notre petit dejeuner de demain, et avons repris la marche.

Nous avons alors croise deux jeunes et beaux italiens venus rendre visite a leurs familles. Une des charettes que nous avions croisees avait du leur parler de nous (du moins leurs conducteurs, je ne pretends pas encore que le foin et les chevaux parlent de nous a toute la Roumanie), car ils nous attendaient. Ils ont alors decide de nous mener en voiture a la gare la plus proche (a une demi-heure de trajet, 1 heure aller-retour pour eux). Ils sont meme alles jusqu'a nous aider a prendre nos billets a la derniere minute, courant a droite et a gauche avec nos sacs, a negocier avec le controleur et a faire monter nos sacs dans le train. Cette pure gentillesse, jointe a ce sourire dont ils ne se departissaient pas, nous a desarmees. Tant d'effort juste pour nous aider (et sans doute un peu par ennui, mais qu'importe), c'etait le clou de la journee !

De la gare, un taxi nous a mene a l'hotel ou nous avons palabre longtemps sur les hommes bons et les gentils et tous ces gens qui nous ont file un coup de pouce. Ca nous donnait un air beat un peu ridicule, et honteusement on se mettait a croire que l'homme est essentiellement bon.



mercredi 17 août 2011

Mercredi 17 aout : Roumanie vol.9

Hier j'ai pu enfin savourer un repas traditionnel roumain. Ca n'avait pourtant pas ete faute d'aller dans des restaurants (qui sont particulierement bon marche au demeurant, un restaurant de bon standing offrant des menus entiers a 5 euros), mais a part quelques polenta agrementees, je n'avais pas ete retournee par les repas roumans.

Mais hier nous etions huit hotes, tous francais (dont deux d'origine roumaine) dans ce gite, et nous avons profite ensemble de roules au fromage, de soupe aux legumes avec de la creme, de porc roti, de pommes de terre bouillies, de salade de tomates, et de gateaux aux noix et au miel. Le tout sonne malheureusement avec beaucoup moins de finesse que ca ne l'etait en realite. L'ambiance etait d'autant plus assuree que le repas etait largement arrose de “palinka”, une eau de vie aromatisee a 55o, et d’“afinata”, une liqueur de myrtille tres epaisse et inoubliable (a part peut-etre si on en abuse, je suppose). Nous avions bien chaud, parlions beaucoup et jusqu'a tard nous avons ri de choses et d'autres et raconte nos voyages qui ne se ressemblaient pas. Ils se sont tous proposes de faire partir mon rhume a coups de Palinka, ce qui n'etait pas loin de faire effet. Mais a 6h j'etais quand meme reveillee par ma gorge irritee et, de fait, mon incapacite presque totale de respirer. Vous devinez alors mon enthousiasme quand notre hote nous a servi pour le petit dejeuner un lait bien chaud et du miel (que vendent les moines du monastere), des confitures de fraise et de cerise amere, un caviar d'aubergine, des tomates, une brioche a la puree de graines de pavot sucree, de petites tranches de porc, un beurre blanc et onctueux prepare par elle-meme, du pain, du the, du cafe… ma gorge se rejouissait de tant de douceur et j'aurais aime ne jamais finir de manger. Mais il a bien fallu rendre les armes quand ma panse a ete sur le point d'exploser (et que j'ai eu vide le lait et le miel jusqu'a leurs dernieres gouttes).

Nous avons alors plie bagage, et le couple de parisiens qui nous avaient tenu compagnie durant la matinee nous ont depose avec leur decapotable (je le souligne car c'etait une premiere pour moi) jusqu'a Marginea, ou nous avons trouve quelqu'un pour nous conduire directement au monastere de Solca. Un petit monastere au charme champetre, dont l'interieur de l'eglise est couvert de tapis au sol et de tentures aux murs, ce qui, ajoute aux foulards que portent toutes les femmes (nous comprises), apporte un sentiment de chaleur et de maternite que je trouve tres inhabituel. Souvent, les eglises et leur echo me font me sentir au coeur d'un pere severe et sterile, un corps caverneux ou les cierges sont des bouts de foi qui ne rechaufferaient pas un orteil. Un pere qui ne se penche jamais et ne sourit pas. Mais a Solca c'est tout l'oppose, et les couleurs, drapes et indispensables lustres rechaufferaient sans degout meme le chien le plus galeux.

De Solca nous avons trouve quelqu'un pour nous mener a Arbore, tout a cote. Nous voulions visiter ce village betement a cause de son nom, et y avons encore une fois trouve un petit monastere a l'eglise peinte, couplee a un charmant cimetiere ou poussent dans un meme elan les pommiers, les fleurs et les pierres tombales. La mort a toujours quelque chose de charmant dans les cimetieres roumains.

D'Arbore enfin un camion nous a mene jusqu'a Patrauti, ou le conducteur m'a surprise d'un baise-main. Dans la region de Bucovine ou nous nous trouvons, il y a en ville autant de voitures que de charettes. Nous avons visite la mignonne eglise de Patrauti, avec ses nombreuses fresques, avant de nous rendre a pied jusqu'au monastere de Dragomirna, que nous visiterons demain. Ce furent 6km de chemin dans une foret de hetres tres dense malgre tout, tres haute et belle, qui me faisait penser a mes souvenirs lointains de forets norvegiennes. Un bien beau chemin, le long duquel j'esperais trouver des cepes : on en trouve en vente partout sur les bords des routes et devant les monasteres, d'enormes et fermes. Il y aussi beaucoup de girolles et si je n'avais pas ete si encombree de mon enorme sac et de notre tente, j'aurais adore m'enfoncer plus profondement dans les bois pour en trouver, quitte a les offrir a un de nos nombreux chauffeurs.

Mais nous avons acheve notre route dans un petit bungalow facon “Hansel et Gretel”, dans lequel j'ecris actuellement, car on nous avait predit de la pluie ce soir encore, qui a en juger par la couleur du ciel ne viendra pas. C. ne cesse de me repeter a quel point les Maramures et la Bucovine, regions du nord de la Roumanie, sont le pays de Blanche-neige. Elle n'a pas tort, car des forets aux maisons, des noms sataniques (“Dragomirna”) aux sorcieres tziganes, de l'aspect medieval a la douceur des couleurs, tout est fait pour donner cette impression a la fois enchanteresse et superstitieuse ue j'attribue quant a moi a la predominance d'une religion orthodoxe aussi rassurante et confortable qu'exigente et effrayante.



mardi 16 août 2011

Mardi 16 aout : Roumanie vol.8

Deux vaches traversent la riviere paisiblement, mouillees a peine jusqu'aux epaules au plus profond du cours d'eau, et leurs “splotch, splotch” a quelques metres de la tente viennent en renfort du petit jour pour nous reveiller. Les courbes de la montagne se repondent en danses immobiles tandis que le soleil naissant peint des tableaux sans cesse changeants d'ombre et de lumiere. Nous tardons a repartir, les pieds dans la riviere. J'imagine volontiers des Indiens d'Amerique poser leurs arcs et carquois ici pour un moment de repis, mais c'est une charette qui entreprend de traverser le pont brinqueballant, sonnant tacitement pour C. et moi l'heure du depart.

L'autostop en Roumanie est un jeu d'enfant. A peine le pouce tendu sur cette route sans passage et nous montons dans notre premiere voiture, d'une longue serie aisee. A Ciaconesti nous nous emerveillons des maisons peintes aux motifs de tapis orientaux, et repartons. A Iacobeni, ou nous pensions passer l'heure du repas, nous ne voyons pas grand raison de nous attarder, aussi nous tendons de nouveau le pouce en direction de Sucevita. Je suis malade, d'un tres gros rhume epuisant qui m'accable d'un ganglion gauche que je jurerais gros comme la boite jaune des kinders surprise, lequel en chaine semble presser contre mon tympan. Je n'ai donc pas fiere allure, malgre ma bonne humeur inattaquable, c'est pourquoi nous avions decide de nous rendre dans une maison d'hote de Sucevita, une petite ferme a quelques kilometres du monastere. Nous avons ete deposees par un camion de Tzigane (huit en tout, dont 5 femmes, de tous ages) festoyant dans le camion sous le patronnage joint d'un grand Jesus Christ en croix accroche au retroviseur et d'une musique techno-dance a laquelle il manquait la moitie des frequences graves… une experience en soi. L'une des jeunes filles, de mon age a peine et deja enceinte de quelques mois, parlait italien. Nous n'avions donc pas trop de mal a communiquer avec la totalite du camion qui redoublait de curiosite a notre egard. Le plus jeune voulait nous ajouter sur Facebook, ce qui, dans une region ou la plupart des foyers n'ont pas jusqu'au telephone, m'a paru decale, assez pour que j'accepte de bon coeur. Que serai Facebook si les gens n'echangeaient pas leur contact en se parlant un melange de 4 ou 5 langues et saluant d'un geste de la main une charette de foin et deux vaches ?

Nous avons fini par rejoindre notre ferme, ou une vieille femme en fichu clair nous a accueillies de quelques mots francais : elle avait bien une chambre pour nous cette nuit. La ferme, tout en bois, et toute verte, est mignonne comme une maison de poupee “facon rustique”. Je l'appelle ferme mais elle ne renferme a ce que j'en vois qu'un cheval et une vache, dont s'occupent cette dame et son mari bucheron. La chambre est un peu kitsch mais, a sa maniere, tres authentique. Nous avons laisse la nos affaires pour tendre le pouce en direction du monastere, a seulement 5km de la.

Arrivees la-bas, les nonnes, toutes de noir, nous ont ouvert les portes d'un splendide monastere couvant comme un nid une eglise peinte des plus remarquables. Je sais bien que je ne cesse de repeter cela, eglise apres eglise, et pourtant c'est vrai, et chaque fois plus vrai que la precedente. Cette eglise est entierement couverte de peintures, non seulement a l'interieur, mais aussi a l'exterieur ! De magnifiques scenes se jouent sous nos yeux en centaines de vignettes a l'interieur, en continuite a l'exterieur, et les proportions parfaites de cet ensemble leger en fait une de ces tres rares eglises dont a proprement parler “l'envers vaut l'endroit”. J'y serais restee des heures, je m'etais d'ailleurs isolee un peu pour donner plus d'envergure au spectacle, rejoignant un peu les moines et les nonnes dans leur spiritualite.

Des que nous avons mis le pied dehors, il s'est mis a pleuvoir des trombes d'eau. Heureusement tres vite une ame charitable nous a conduit jusqu'a notre auberge. Nous avions eu une bien belle idee de choisir de passer la nuit dans une maison, a en juger par les cordes qui sont tombees ! La pluie s'est arretee, a l'heure qu'il est, mais mon rhume enserre ma tete dans un etau tel que d'un moment a l'autre je m'attends a ce que mes yeux sortent une fois pour toutes de leurs orbites. Je prendrai un cachet ce soir, pour me faciliter le sommeil, mais quoiqu'il en soit je me rejouis a l'idee du repas qui nous attends ce soir dans cette demi-pension, et dont C. me decrit l'odeur de roti, que je ne peux pas sentir, pendant que derriere elle des dixaines de charettes rejoignent le bercail a grand bruit de sabots pour retrouver leur propre repas fumant et la douceur de leur propre lit.



lundi 15 août 2011

Lundi 15 aout : Roumanie vol.7

Pendant l'organisation de ce voyage j'ai fait un caprice, de gamine, que je rendais incontournable : je voulais prendre le tchou-tchou a vapeur. Pour cela nous avons du faire un detour gigantesque, nous arreter a Viseu de Jos, marcher une dixaine de kilometres de nuit jusqu'a Viseu de Sus, planter la tente au milieu d'une rue ou les chiens errants ont passe la nuit a nous engueuler, nous depecher jusqu'a l'antique gare, apprendre que nous etions arrivees trop tard pour l'achat d'un ticket et enfin monnayer une place dans le wagon des marchandises ou nous nous sommes assises par terre en contemplant le paysage et notre locomotive a vapeur qui sifflait, et sifflait tres fort, dans nos oreilles. On recevait des poussieres de charbon et a l'heure qu'il est je sens encore la fumee mais c'est le moins que je puisse dire : ca valait le coup.
D'abord a cause du train lui-meme, qui me renvoyait sans cesse aux “Retour vers le Futur” et autre “Mecano de la Generale” qui avaient fait mon emerveillement. Ensuite parce que ce train forestier qui suit une petite riviere dans la lumiere du matin etait absolument enchanteur. J'etais dans un de ces rares etats de beatitude absolue que rien ne semble pouvoir venir briser. Ah! Quel chemin! J'emprunterais volontier la plume de quelque romantique pour decrire les lieux avec la verve que je leur dois, mais mon propre bien etre et la simplicite de mon etat m'interdisent des elans par trop excessifs ou pompeux. Gloire au train, donc, j'etais assez heureuse en l'instant pour justifier la totalite de mon voyage en Roumanie mais puisque voyage il y a nous avons repris nos sacs et tendu le pouce.

Quelques minutes d'autostop ont suffi pour qu'une dame d'une cinquantqine d'annees qu'en France j'aurais qualifiee de Hippie mais qui n'est que Roumaine, nous embarque jusqu'a Borsa. Quelques heures auparavant j'avais emis la supposition que toutes ces vieilles dames de noir vetu que l'on croisait avaient du perdre leur mari (chose relativement naturelle a leur age avance), et auraient alors troque les fichus a fleurs, les jupons colores et les chemises a flanelle pour la couleur la plus repandue du deuil. Par curiosite, C. a demande confirmation de cette hypothese a la conductrice, laquelle a hoche la tete gravement avant de designer son T-shirt noir : “j'ai moi-meme perdu quelqu'un”. Note a moi pour plus tard : ne jamais parler de mort dans une voiture, ca tue l'ambiance.

Un homme a pris la releve a Borsa pour nous mener a Iacobeni. En realite nous allions trop vite dans ce voyage a notre gout. Mais une fois dans la voiture, nous etions trop hypnotisees par le paysage qui defilait pour penser a autre chose : des montagnes sublimes couvertes de la foret de sapin la plus dense qu'il m'ait ete donnee de voir, me forcaient pour la seconde fois de la journee a laisser parler en moi tous les romantiques du XIXeme pour trouver du repondant a mon emerveillement.
En haut d'un col, une eglise avait la plus belle vue qu'une eglise ait jamais eu a ma connaissance, et tout autour d'elle des millions de conniferes, sur les versants qui se faisaient cirques, s'elevaient vers elle pour lui rendre hommage, comme la secte noire la plus puissante et la plus impassible. Je pensais un moment au Roi sans Divertissement de Giono, ou l'Eglise serait un arbre d'infini complexite regnant en maitre sur ses freres.
C'etait trop de beaute pour la laisser filer au travers du blindage d'une voiture, aussi quelques kilometres plus loin nous avons demande a notre conducteur de nous deposer. Il avait ce torse massif, front haut et pommettes saillantes qu'ont la plupart des roumains, un bel homme en soi, tres austere jusqu'ici comme de bien entendu, mais qui en nous deposant nous a saluees d'un gigantesque sourire auquel il manquait une dent sur deux, ce qui a passablement diminue sa prestance a nos yeux, et d'autant augmente notre sympathie pour lui.

Nous avons alors monte la tente au coeur des montagnes, pres d'un ruisseau, tout a cote de deux chevaux et d'un poulain -pour la bonne augure de cette fragile renaissance- et c'est ici que je suis, ecrivant a la lumiere de ma lampe tout en me figurant regulierement, les yeux fermes, le paysage qui nous entoure.



dimanche 14 août 2011

Dimanche 14 aout = Roumanie vol.6

Parenthese.


Parce que mon voyage en Roumanie ne se fait que quelques mois apres mon retour de New York, je ne peux m,empecher de comparer ces deux experiences. Ne serait-ce que parce que chque jour, au reveil, ma premiere pensee va vers mon grand appartement de Brooklyn et mes huit colocataires.

Je ne pense pas qu,il soit pourtant possible d'imaginer (j'ai trouve l'apostrophe) deux experiences plus eloignees. D'abord, et vous pouvez rire tant que vous voulez de cette remarque, parce-que personne ici ne parle anglais. Quand on me parle, je rassemble en esprit tant que je peux mon francais, mon anglais, mes rudiments d'italien et d'espagnol, de sorte que j'entends ce que l'on veut me dire. Leurs mains s'expriment avec une clarte que je leur envie. Mais quand il s'agit de leur repondre, je suis muette. Je bredouille quelques mots d'amglais qui les desarconnent, et ils finissent le plus souvent par s'eloigner en m'ignorant souverainement.

Je pense que si l'anglais est aussi peu rependu, c'est que la jeunesse est inexistante. Je rencontre des enfants et des vieillards en quantite suffisante pour peupler les villes, mais la Roumanie semble desertee par ses jeunes. Ca donne un teint de decadence aux grandes villes, et un charme moyen-ageux aux petites. Les rares adolescents ou trentenaires que je rencontre sont Tziganes, mais j'ai peut-etre deja trop dit a quel point leurs visages, a l'oppose de leurs ames, sont en tous points depossedes de leur jeunesse. Ils sont des tableaux de jeunes gens parcourus de craquelures et de vernis jaunis, de sorte qu'on reconnait leur jeunesse mais ne la sent pas. Ou est-elle donc, l'ame petillante de la jeunesse ? Les touristes sont trop rares pour donner le change, et je vois les Roumains a l'image de leurs maisons, beaux et divers, decrepis et poussiereux.

Je trouve d'ailleurs d'autant moins de jeunesse dans leurs visages que les Roumains ne sourient pas. Ils savent rire, quoique jamais de mon fait, etre aimables voire affables, mais le sourire leur est etrangers. New York est loin ou le sourire et la familiarite sont de mise partout ou l'on met les pieds. Ici, meme lorsque quelqu'un vient me poser la question la plus futile, j'ai l'impression de me faire gronder. Sans animosite, mais sans compassion. Je me dis que la culture du sourire est une chose etrange, et qu'elle est le presuppose de toute communication. Quand je m'avance vers quelqu'un pour un renseignement ou pour lui acheter un objet, que je lui sourir, fidele a une culture fierement ancree (culture encore plus feminine que masculine en France d'apres ce que j'ai remarque de nombreuses fois), et que mon interlocuteur me repond avec ce regard neutre, presque blase, qu'ils ont tous, je realise que meme si je parlais Roumain et connaissais les rues de ces villes par coeur, la communication serait tuee dans l'oeuf des l'instant de ce premier regard. Les Americains, qui n'aiment pas les francais (surtout les hommes) du fait de leur posture naturellement froide et distante… que penseraient-ils des Roumains ? Peut-etre du bien, car ils n'ont pas cette arrogance naturelle propre a notre culture. Pour etre plus precise, on peut dire que les americains posent entre eux et leur interlocuteur une bulle de savon, que les Roumains y mettent un petit mur de beton et les francais une fine couche de glace. Alors aussi peu de jugement que l'on puisse en tirer, c'est tout l'exercice du voyageur de ne pas s'en inquieter.


En Roumanie enfin, on peut fumer dans les restaurants, les bars et les trains, mais pas dans les gares. Alors j'ai l'impression que les lois sur le tabac sont elles aussi une sorte de reflet de l'etat economique d'un pays : quand les gens ont peur du cancer, c'est qu'ils sont sauves de la peur du manque.


samedi 13 août 2011

Samedi 13 aout 2011 = Roumanie vol.5

J,ai eu froid toute la nuit dans ma petite tente, et j,etais presque soulqgee au matin de pouvoir sortir la tete et de voir le soleil -froid encore- me baiser les pieds. J,ai l,impression que chaque etape de notre voyage, chaque fois un peu plus au nord, nous amene dans un plus bel endroit que le precedent. Nous sommes en plein coeur de la Roumanie, et deja autour des villes on ne se deplace plus qu,en charette. Dans les villes des Dacia d,un autre age survivent sans mal a l,air de la montagne. Slors dans cette ambiance d,un autre temps, il faut imaginer Sighisoara comme une Carcassonne sur laquelle on aurait verse des pots de peinture. Des que C. et moi y avons mis les pieds, nous avons decide d,y rester une nuit de plus.

La ville d,enfance de Vlad Dracul, dit Dracula, aurait a mon avis du le mener sur les voies de l,art, de la poesie ou de l,horlogerie, alors qu,il se soit tourne vers le massacre en masse, la decapitation et l,empalage de cadavres sur pieu me rend un peu perplexe. Mais comme on aime tous a le rappeler de temps a autres Hitler aimait les chiens… alors tout est possible.

Quoiqu,il en soit nous avons passe une de ces journees paisibles a tout et ne rien faire, vagabondant dans la ville au gre de nos envies (et de nos appetits voraces) comme deux ames simples incapables d,autre chose que de voir, et de se laisser emplir de la poesie des lieux. Par exemple nous nous sommes reposees dans ce cimetiere ronge par les plantes, ou les morts nourissent fleurs et arbustes dans une representation bucolique (et ecologique) de la vampirisation.

Je crois que la paix eternelle n,est pas dans la tombe, elle est a Sighisoara.



vendredi 12 août 2011

Vendredi 12 aout 2011 - Roumanie vol. 4

Aucun ours ne m,a rendu visite pendant la nuit. Tout au plus quelques cretins qui suite a un desaccord se sont crus autorises a nous appeler “cunt” (putes) une bonne partie de la nuit, jusqu,a ce ce que nos airs de dormir -dents serrees, gorges aussi- viennent a bout de leur amusement. Nous avons quitte l,auberge tot le matin pour Bran = nous troquins un monstre contre un autre, l,ours pour Dracula. Mais c,etait vain encore une fois =le chateau dit “de Dracula” (qui n,z a sejourne qu,une ou deux fois) est une ravissantepetite villa, ideale pour les vacances, un dedale de salles blanches et ensoleillees, paresseusement meublee par son ancienne proprietaire et aujourd,hui decoree de touristes, 6 ou 7 par salles, qui se prennent en photos les uns les autres en gromelant. Joli, surfait, mais en aucun cas Draculesque. Nous avons aussitot quitte Bran pour Sighisoara, sautant pour ce faire dans le premier train a disposition, en l,occurrence le moins cher… et pour cause. Un instant je mne suis crue en Inde. Le train etait si lent que les charettes lui faisaient la course. C,etait un amas de bois et de metal delabre, qui qvait la splendeur de son insalubrite. Rien n,etait a sa place, les banquettes dures etaient decharnees, les fenetres bloquees en position ouverte, des planches de bois en recouvraient parfois des parties… Mais surtout, qui hqbitqient tout le wagon avec le plus grand naturel, des Tziganes faisaient leur vie sans nous preter la moindre attention = une grand-mere cousait, des jeunes dansaient sur une musique de mauvais poste radio, les enfants courraient, deux jeunes femmes faisaient des comptes en riant, les hommes -rares- palpaient, regardaient, commentaient. On aurait dit une villea l,interieur d,un wagon. Ils s,echangeaient a manger, se baladaient dans l,allee centrale et je les regardais faire, betement intimidee. J,essayais de comprendre pourquoi ils s,habillaient de loques (la pauvrete, bien sur, mais j,ai le sentiment qu,ils n,ont au-dela de ca aucun conception esthetique du vetement, ou du moins une conception tres differente de la notre, mais je me trompe peut-etre), pourquoi ils sentaient si mauvais, pourquoi a trente ans ils avaient deja l,air centenaire… Et je me demandais comment a un certain niveau definir le racisme = est-ce qu,admettre tous ces faits est raciste ? Est-ce que de cacher mon appareil photo l,etait ? Si etre raciste c,est avant tout etre ignorant, et que je reconnais parfaitement mon ignorancem que suis-je ?


J,ose esperer qu,en reconnaissant ma betise on pardonnera un peu mes prejuges, car j,etais aussi emerveillee que j,etais inquiete du monde dans lequel je venais de penetrer. C,est pour cela je crois (mais je pense que je n,arriverai jamais a comprendre mes reactions a ce niveau-la) que quand une des plus belles Tziganes du wagon s,est penchee vers moi pour me parler, ma premiere reaction a ete… de l,ignorer. Pendant quelques minutes, casque sur les oreilles et regard sur le paysage, j,ai fait comme si je ne la voyais pas. Elle insistait tellement en riant avec ses amis que tres vite j,ai realise mon ridicule. Je me suis retournee, un peu penaude. Elle voulait l,heure. Et la, dans un stupide reflexe de rapport touriste-mendiante, j,ai dit que je ne l,avais pas. J,avais l,heure, au fond de ma poche, et il ne m,aurait rien coute de la lui donner. Ca se donne l,heure, a l,infini. Mais j,avais repondu tellement vite, et maintenant il etait trop tard. Elle m,a cru. Elle me parlait un melamge d,italien et de roumain, avec force signes, qui faisaient que je n,avais aucun mal a les comprendre, elle et son amie. La grand-mere derriere elles avait pose son tricot et regardait ce cirque de jeunes femmes d,un oeil amuse. On avait l,air de chiens qui se reniflent. Si les chiens savaient rire, s,entend. Elles nous ont demande notre age. 4 mains et 3 doigts pour C. et moi, 4 mains et 6 doigts pour elles. Une gamine est passee avec une bouteille vide que lq Tzigane a attrappe au vol et m,a tendu effrontement. Je l,ai remplie avec ma gourde, elle m,a demande si j,avais des enfants, c,etait comme si elle me demandait combien j,avais de richesse. Ca les faisait toujours autant rire. Le controleur est arrive, bien entendu aucun d,eux n,avait de billet, et apres un court tango d,autorite, tous les Tziganes ont quitte le train, marchant sur les rails jusqu,au chemin suivant. C. et moi sommes restees seules dans le wagon -devenu a mes yeux une veritable ville fantome- jusau,a Sighisoara.


jeudi 11 août 2011

Jeudi 11 aout 2011 : Roumanie vol.3

Sur la route de Brasov (a prononcer Brachov), j'ai vu ma premiere charette. J'etais heureuse comme si j'avais voyage dans le temps, petite citadine naive que je suis. Dans le bus, l'instant d'apres, les gens autour de moi se signaient des qu'on passait devant une eglise. Et les pauvres etaient bien courageux, car les eglises y sont nombreuses. Et c'est au point qu'aussi pres du chateau de Dracula, tant de superstition me causait cette peur agreable que l'on tate du fond de la langue, et qu'on retourne soi-meme pour la faire de durer.

Ville de montagne, Brasov est somptueuse de petites choses cachees, de maisons dont les peintures, vives et ecaillees, repondent simplement aux grosses forets de montagne qui l'entourent. On y aime ou pas les ours, mais les bestioles viennent se servir la nuit dans les poubelles des Fast Food roumains (compter des hambugers a base de choux).
On compte dans la ville d'autres eglises merveilleuses, et des noms qui donnent des envies de messes noires : l'Eglise noire (rescapee d'un incendie, ceci explique cela), la Tour noire et la Tour blanche (j'ai cherche Sauron, ou au moins Dumbledore… pardon, Gandalf, mais en vain), la citadelle (rescapee et restauree, surplombant la ville avec une grace simple : 4 petites tourelles et au centre un petit village ou tout est si avenant que meme les canons, encore sur place, ont du mal a prouver l'hostilite passee qui regnait en ce lieu). Ainsi de suite. Nous avons marche et marche sous le soleil renaissant, et vu et regarde et aime, mais la ville est d'une joliesse si simple et sans fioritures, que trop de mots lui rendraient mal justice.

Aussi je rends le clavier, il est deja tres tard ici et je compte bien trouver un de ces ours, cette nuit en rentrant a l'auberge, au coin de mon chemin.



mercredi 10 août 2011

Mercredi 10 aout 2011 : Roumanie vol.2

“Buc-” dit la goutte d'eau en quittant le rebord des toitures et des portails.
“-aaar-” gronde-t-elle en fendant l'air au milieu des maisons, aussi subrepticement que ses congenaires.
“-essst” souffle-t-elle en s'etalant sur le bitume et le beton.

“Bucaaaressst”, “Bucarest”, “Bucarest”, entonne la pluie autour de nous dans un choeur familier, et nous gele, et nous epuise. Perfides petites choses qui se joignent en armees pour nous frapper les reins : on a beau rire, a la fin elles chantaient encore la litanie roumaine -Bucaaaressst- quand nous etions en retraite sur les lits de l'auberge.

Pourtant, nous nous sommes battues vaillament, bras a l'air et sans courber l'echine.
La premiere vague traitresse nous attendait des que nous sommes sorties de l'auberge, chaude et minuscule. Nous l'avons repoussee nonchalament d'un geste de la main pour entrer dans le Palace de Ceaucescu, maintenant Palais du Parlement. Du grendiose a en gerber des metres cubes, entasses sur des tapis jusqu'aux somptueux luminaires qui n'en pouvaient plus de peser leurs tonnes au-dessus de nos tetes. Un palais plus grand que les pyrqmides, des milliers de pieces, si bien que si un homme se mettait a crier, des echos lui reviendraient de toutes parts et ferait croire alors a des milliers d'enrages scandant la revolution. Mais c'est un lieu ici ou les hommes applaudissent. Ils louent les superbes pieces de marbre et d'or travaillees jusqu'a la voute. Dans ce palais la grandeur se mesure au vide, vanite des vanites, et tant de spectaculaire betise en fait un tableau des plus rejouissantss, et d'une beaute toute particuliere.

Nous sommes sorties les ventres tordus par la faim, mais la pluie qui pour tout repqs ronge les murs et leche les statues ne voulait pas de cette treve. Le ciel avait des envies de nuit quand nous avons de nouveau traverse de laids quartiers de Bucarest -abandonnes, eventes, de terre et de beton arme contre rien- pour rejoindre la vieille ville ou dans une rue eventree nous avons trouve un restaurant au nom imbitable (il y est question de charette). Dehors, la pluie hurlait “Bucarest” et nous n'ecoutions pas, trop amusees par cet endroit a mi-chemin entre la Baviere et l'Angleterre Gothique : du bois et du marbre du sol au plafond, des serveuses aux corsets si ouverts que pour un peu on aimerait dejeuner sur leurs poitrines, et au milieu un quatuor a cordes tres charmant. Le tout permettait d'oublier le repas plein de bonne volonte (viande hachee dans des feuilles de vignem polenta, creme fraiche, sauce aigre-douce) que j'aurais bien glisse au chien s'il s'en etait trouve un.

‘Buc-aaar-essst". La pluie avait au sortir la voracite sans pareille du combattant qui ne se dilue plus. Elle noyait la ville et la drapait de froid et son chant de victoire -“Bucarest”- sonnait partout ou elle plantait fierement son drapeau. La pluie est un diable comme les autres, et c'est dans la plus petite et la plus ravissante de toutes les eglises que nous l'avons fui. Si belle en realite avec son minuscule cloitre qu'on aurait bien fait un nid au milieu de toutes les peintures qui recouvraient chaque pqrcelle, chaque poussiere de cette cabane dans la ville. Toutes les fresques, d'un bleu de ciel d'aout, nous rappelaient a notre guerre. Nous sommes sorties avec les armes de la foi… peut-etre pas la meme que les autres.

Mais Bucarest nous fondait dessus de grosses lapees de beton, et jusqu'aux plus jolis coins de la ville nous crachaient des averses. Un petit passage en fer a cheval nous a offert un abri, et c'etait un petit Eden de fortune que nous venions de trouver. Le passage etait couvert de plaques jaunes et translucides qui baignaient toute la petite ruelle couverte d'une lumiere doree surreelle. Et tout au long, des chichas aux doux parfums de fruit. C'etait le repos du guerrier : nos visites de la ville avaient aussi bien devoilees des merveilles qu'enroue nos qrmes. On avait beau entendre la pluie s'enerver, eclater “BUCAREST! BUCAREST!” sur les toits sourds, la musique et le the chaud nous rendaient paisibles et inconscientes. Notre fumee s'elevait -parfumee a l'orange-, la pluie s'abattait, et la douceur de l'une embrassait la violence de l'autre a l'occasion de ce toit dore.

Enragee par notre couardise -Bucarest!- la pluie s'est emparee de nous avec une force decidement inalterable des que nous avons quitte l'anneau dore ou mon coeur voulait elire domicile. Je n'etais plus drapee que de pluie, mes pieds creusaient nonchalament des flaques chaudes… j'etais vaincue, et la pluie se chargeait deja de m'enterrer sous ses tonnes. Quelques beaux batiments ne m'ont pas ouverts leur porte. Dans une vieille eglise, ou j'avais trouve maigre refuge, on disait la messe. Et les chants laconiques retombaient si imperturbablement sur les dalles froides que le chant et la pluie, les mots de Bucarest, avaient pour moi l'echo d'une meme torture.

Je suis entree a l'auberge et alors que j'ecris, la pluie dehors chante “Victoire!” et “Mort a l'ennemi!”, mais tout ce que j'entends, yeux fermes, yeux ouverts, c'est “Buc-aaar-essst. Bucarest.”


mardi 9 août 2011

Mardi 9 aout 2011 : Roumanie vol.1

Il faut tres exactement 40h pour faire le trajet en bus de Nice a Bucarest. Traverser l'Italie, la Croatie, une partie de la Slovenie. Faire des pauses toutes les deux heures : les femmes se jettent sur les toilettes, les hommes sur leurs cigarettes et les enfants sur les cailloux, et on remonte. C'est un peu ca, 40h de bus.

Ca avait mal commence. A 6h le matin, une demie-heure avant d'embarquer, je regardais depuis la voiture les enseignes colorees, et petit a petit je les sentis scintiller devant mes yeux, danser morosement. C'etait la fatigue, a n'en pas douter… Mais quelques minutes plus tard : je ne savais plus lire. Je connaissais. J'avais compris. Inutile de lutter. Plus que quelques minutes et je ne pourrais plus parler, mon nom me serait etranger. Je cherchais deja mes phrases. “Sportif” me venait alors que je cherchais desesperement “autobus”. Plus j'essayais de me concentrer et moins je pouvais retenir les mots qui filaient. “Bus”, ‘assise", “enfin”… 'coccinelle" ? Je perdais pied, mais gardais mon calme : c'etait une migraine, et pas ma premiere dans son genre. Bientot je ne pourrais plus rien dire, plus ecrire, plus compter, plus voir, et tout cela passerait quand une gigantesque douleur viendrait engloutir mon crane, et s'en aller d'elle-meme nonchalament pendant un sommeil durement acquis. C'etait un peu cela que je pensais dire a Chloe quand je me suis penchee vers elle. Mais j'ai articule “j'ai une migraine”, aussi vite que me le permettait ma febrilite, avant que les mots si durement retenus ne s'echappent a leur tour. Et sans rien soupconner du raz-de-maree qui sevissait dans mon crane, elle m'a propose des cachets. Ibuprofene ? Je connaissais ce nom. Et si j'avais pu convaincre les lettres d'arreter leur gigue j'aurais pu lui donner plus qu'un air de familiarite. Mais quand votre propre prenom vous parait absurde, qu'est-ce qui peut etre familier ?
J'ai pris le cachet, et me suis endormie. Je me suis eveillee quelques fois, quelques secondes, et illico le marteau venait s'enfoncer dans mes tempes. Et puis, plus rien. J'etais moi. Et j'etais en Italie.

Les heures ont avancees, et il etait de nouveau temps de dormir, d'un sommeil epice d'un reve de sorcieres et d'enchenteresses, d'un erotisme soft et surtout, aberrant. Chloe et moi nous cousions des oreillers dans nos epaules respectives, deux oeufs hysteriques tournant et retournant en palpant et tricotant et pourtant… dormant.

Quand nous avons ouvert les yeux (pour la centieme fois, mais celle-ci etait la bonne), nous etions en Roumanie. Je me suis avidemment collee a la fenetre du bus. Ce que je voyais alors m'a laisse perplexe : des superbes villes fantomes, emplies de mendiants. Des roms, peut-etre. Y a-t-il un pays ou ils n'aient pas a mendier leur droit d'exister ? Je lisais une page de Dracula sur les honneurs sanglants des guerriers roumains, et je me demandais quand les Huns avaient embrasse le vers de terre. Je regardais leurs beaux visages et leurs mains de deux cents ans, et dans leur regard, dragon dans une coquille d'oeuf, je trouvais la fierte noire, sans haine et sans pitie. Moi j'aimais mieux leurs crachats que leurs mains tendues.

Le bus quittait ces petites villes de rien et en trouvait de nouvelles. Tout y etait toujours abandonne pour moitie, comme si un beau matin des familles entieres avaient deserte maisons et usines. J'aimais cette sensation comme on aime les beaux films d'epouvante. Les couleurs chatoyantes et les formes bonhommes ne suffisaient pas a insufler de la chaleur dans les rues glacees. Tous partis, a croire. Ils avaient laisses derriere eux des chiens galeux et des croix gigantesques et nombreuses a la mesure de leur humilite ; mais c'est souvent que la religion se mesure a l'humilite des peuples.

Dehors, dans des hectares de terrains vagues plats comme l'ennui un drapeau flottait sous l'edredon de poussiere du ciel qui semblait rappeler que ce monde etait du passe. Le drapeau flottait, et j'y voyais un drapeau francais sur lequel un saoulard aurait pisse sa biere.


3 août 2023 : Summer Camp au Mont Dore

Aujourd'hui j'ai vu le vent danser. La littérature ne s'en lasse pas : les feuilles qui dansent sur les arbres, les fichus sur l...