samedi 20 août 2011

Samedi 20 aout : Roumanie vol.12

Il y a des jours comme celui-ci ou tout entre dans la categorie “bien, mais pas top”.
Je crois qu'etre reveillee ce matin par les vepres n'a pas eu l'effet spirituel escompte. Deja parce qu'un reve erotique se terminant par des moines psalmodiants, c'est bien, mais pas top. Mais aussi parce qu'etre, des l'ouverture des paupieres, l'etrangere absolue (a ce pays, et a son dieu) recele une forme de violence. En realite je peux le dire, malgre les beautes incomparables que nous avons vu ces derniers jours, on en a soupe du Saint Machin et de Truc l'Eternel. On avait toutes deux des regards de cocker quand on a quitte le monastere de Secu pour celui d'Agapia la Nouvelle. Differentes voitures nous y ont menees malgre l'heure matinale, et de chaque cote de la route je regardais encore une fois ces murs interminables de sapins, et je pensais a la foi. Pour conclusion de toutes mes pensees je donnais cette finalite evidente et terrible : il est tout aussi horrible pour moi de penser que, auraient-ils tort de croire, des milliards de religieux de toutes epoques et de toutes confessions auront sacrifie leur vie au neant, humiliation ultime ( dont fort heureusement personne ne sera en mesure de temoigner) que de me dire que, aurais-je tort moi-meme, pour avoir donne ma foi a l'homme et aux petites choses, j'aurais moi-meme sacrifie ma mort, seule a etre veritable -terreur ultime.
C'est toujours a des dilemnes sans originalite de ce genre que je suis ramenee quand je baigne trop longtemps dans une atmosphere mystique. Ca impregne l'air que je respire, et parce qu'au fond je refuse de laisser place au doute ca ne laisse que des impressions pegueuses a la surface de mes idees.

Agapia la nouvelle, donc, bien mais pas top, aura marque notre passage des monasteres d'hommes a ceux de femmes dont la particularite (outre leurs miels et leur delicieuse confiture de cerise amere) est la quanite de fleurs tapissant sols et maisons.
Toutes ces taches de couleurs n'eveillaient plus de grand interet ni chez C. ni chez moi, et nous sommes bien vite sorties en soupirant.

Une micro-rendonnee d'une heure devait nous mener de la a Agapia Veche (Agapia la Vieille) a travers bois, et je profitais de cet instant, je l'avoue tres honteusement, pour cesser d'ecouter C., qui avait decide de combattre sa propre morosite en faisant ce qu'elle sait faire de mieux : parler et chantonner. Je ne repondais pas, toute a mes pensees, de sorte qu'un regard etranger aurait pu trouver notre duo bien comique. C'est ainsi que la carpe et la pie sont entrees dans le petit monastere recule d'Agapia Veche. Personne ici si ce n'est la dizaine de nonnes qui y vivent. L'une d'ailleurs ramenait de l'eau a la surface du puit, une deuxieme portait le linge pendant qu'une troisieme, m'arrachant malgre elle un leger sourire, balayait la paroi inpeccable de l'Eglise. Je dois bien reconnaitre cependant que ladite construction etait fort belle, toute de bois arrange en differents motifs. Le tout noye dans un ocean de fleurs, de sorte que deux armees a rayures, guepes et abeilles, se sont chargees de nous envoyer valser aux portes du monastere, et nous avons redescendu bien vite la route que nous avions mis du temps a grimper.
Comme de coutume, des chiens errants nous suivaient, et C. semblait dorenavant preferer s'adresser a eux qu'a moi, ce dont je me rejouissais plutot, tout en reconnaissant avec amertume que les cabots eux-memes avaient plus de repondant que moi.

Apres le dejeuner, une voiture nous a menees au monastere de Varatec, dont nous avions decide de faire le dernier de notre sejour. Il en reste encore de nombreux dans la region, dont les merites sont loues aussi bien par notre guide que par nos rencontres, mais a peine avions-nous decide de mettre fin a cette splendide tournee de monasteres que nos coeurs se sont alleges (le repas qui avait selle cette decision ne devait pas y etre pour rien non plus). C'est alors que les milliers de fleurs du monastere de Varatec ont pu nous toucher de leur beaute toute naive.

Une charette (sans foin cette fois), puis une voiture, nous ont portees jusqu'a la grande ville betonnee de Piatra Neamt ou le hasard a fait que nous nous sommes effondrees sur la place centrale… devant l'eglise. C. etait extenuee au-dela de toute mesure et nous n'osions pas nous decider a chercher ou dormir. Nous avons du rester la une heure, a ne pas meme nous laisser aller a ne rien faire, comme perpetuellement sur le point d'agir et perpetuellement retenues par le banc sur lequel nous etions assises. Pendant cette heure, l'eglise s'est revelee a nos yeux une usine a mariees. Les robes blanches, immenses tasses renversees, se percutaient dans le parc ou nous etions, et s'avancaient vers le photographe, avec differents degre d'elegance, allant de la grace relative a la franche vulgarite.

Nous avons quitte ce bal involontaire pour prendre un taxi vers un vcamping qui s'avere etre en realite un gigantesque (et je le dis sans exageration aucune) parc d'attraction. A l'heure qu'il est les 4 ou 5 chansons (electro, dance, pop… bien, mais pas top) qui font collision a mes oreilles pour ne plus former que l'habituelle bouillasse de fetes foraines, me donnent mal a la tete. Tout ce que j'espere, c'est que ces musiques s'arreteront rapidemment et ne sont pas supposees durer toute la nuit.

S'il vous plait…

… priez pour moi.



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