vendredi 12 août 2011

Vendredi 12 aout 2011 - Roumanie vol. 4

Aucun ours ne m,a rendu visite pendant la nuit. Tout au plus quelques cretins qui suite a un desaccord se sont crus autorises a nous appeler “cunt” (putes) une bonne partie de la nuit, jusqu,a ce ce que nos airs de dormir -dents serrees, gorges aussi- viennent a bout de leur amusement. Nous avons quitte l,auberge tot le matin pour Bran = nous troquins un monstre contre un autre, l,ours pour Dracula. Mais c,etait vain encore une fois =le chateau dit “de Dracula” (qui n,z a sejourne qu,une ou deux fois) est une ravissantepetite villa, ideale pour les vacances, un dedale de salles blanches et ensoleillees, paresseusement meublee par son ancienne proprietaire et aujourd,hui decoree de touristes, 6 ou 7 par salles, qui se prennent en photos les uns les autres en gromelant. Joli, surfait, mais en aucun cas Draculesque. Nous avons aussitot quitte Bran pour Sighisoara, sautant pour ce faire dans le premier train a disposition, en l,occurrence le moins cher… et pour cause. Un instant je mne suis crue en Inde. Le train etait si lent que les charettes lui faisaient la course. C,etait un amas de bois et de metal delabre, qui qvait la splendeur de son insalubrite. Rien n,etait a sa place, les banquettes dures etaient decharnees, les fenetres bloquees en position ouverte, des planches de bois en recouvraient parfois des parties… Mais surtout, qui hqbitqient tout le wagon avec le plus grand naturel, des Tziganes faisaient leur vie sans nous preter la moindre attention = une grand-mere cousait, des jeunes dansaient sur une musique de mauvais poste radio, les enfants courraient, deux jeunes femmes faisaient des comptes en riant, les hommes -rares- palpaient, regardaient, commentaient. On aurait dit une villea l,interieur d,un wagon. Ils s,echangeaient a manger, se baladaient dans l,allee centrale et je les regardais faire, betement intimidee. J,essayais de comprendre pourquoi ils s,habillaient de loques (la pauvrete, bien sur, mais j,ai le sentiment qu,ils n,ont au-dela de ca aucun conception esthetique du vetement, ou du moins une conception tres differente de la notre, mais je me trompe peut-etre), pourquoi ils sentaient si mauvais, pourquoi a trente ans ils avaient deja l,air centenaire… Et je me demandais comment a un certain niveau definir le racisme = est-ce qu,admettre tous ces faits est raciste ? Est-ce que de cacher mon appareil photo l,etait ? Si etre raciste c,est avant tout etre ignorant, et que je reconnais parfaitement mon ignorancem que suis-je ?


J,ose esperer qu,en reconnaissant ma betise on pardonnera un peu mes prejuges, car j,etais aussi emerveillee que j,etais inquiete du monde dans lequel je venais de penetrer. C,est pour cela je crois (mais je pense que je n,arriverai jamais a comprendre mes reactions a ce niveau-la) que quand une des plus belles Tziganes du wagon s,est penchee vers moi pour me parler, ma premiere reaction a ete… de l,ignorer. Pendant quelques minutes, casque sur les oreilles et regard sur le paysage, j,ai fait comme si je ne la voyais pas. Elle insistait tellement en riant avec ses amis que tres vite j,ai realise mon ridicule. Je me suis retournee, un peu penaude. Elle voulait l,heure. Et la, dans un stupide reflexe de rapport touriste-mendiante, j,ai dit que je ne l,avais pas. J,avais l,heure, au fond de ma poche, et il ne m,aurait rien coute de la lui donner. Ca se donne l,heure, a l,infini. Mais j,avais repondu tellement vite, et maintenant il etait trop tard. Elle m,a cru. Elle me parlait un melamge d,italien et de roumain, avec force signes, qui faisaient que je n,avais aucun mal a les comprendre, elle et son amie. La grand-mere derriere elles avait pose son tricot et regardait ce cirque de jeunes femmes d,un oeil amuse. On avait l,air de chiens qui se reniflent. Si les chiens savaient rire, s,entend. Elles nous ont demande notre age. 4 mains et 3 doigts pour C. et moi, 4 mains et 6 doigts pour elles. Une gamine est passee avec une bouteille vide que lq Tzigane a attrappe au vol et m,a tendu effrontement. Je l,ai remplie avec ma gourde, elle m,a demande si j,avais des enfants, c,etait comme si elle me demandait combien j,avais de richesse. Ca les faisait toujours autant rire. Le controleur est arrive, bien entendu aucun d,eux n,avait de billet, et apres un court tango d,autorite, tous les Tziganes ont quitte le train, marchant sur les rails jusqu,au chemin suivant. C. et moi sommes restees seules dans le wagon -devenu a mes yeux une veritable ville fantome- jusau,a Sighisoara.


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