dimanche 14 août 2011

Dimanche 14 aout = Roumanie vol.6

Parenthese.


Parce que mon voyage en Roumanie ne se fait que quelques mois apres mon retour de New York, je ne peux m,empecher de comparer ces deux experiences. Ne serait-ce que parce que chque jour, au reveil, ma premiere pensee va vers mon grand appartement de Brooklyn et mes huit colocataires.

Je ne pense pas qu,il soit pourtant possible d'imaginer (j'ai trouve l'apostrophe) deux experiences plus eloignees. D'abord, et vous pouvez rire tant que vous voulez de cette remarque, parce-que personne ici ne parle anglais. Quand on me parle, je rassemble en esprit tant que je peux mon francais, mon anglais, mes rudiments d'italien et d'espagnol, de sorte que j'entends ce que l'on veut me dire. Leurs mains s'expriment avec une clarte que je leur envie. Mais quand il s'agit de leur repondre, je suis muette. Je bredouille quelques mots d'amglais qui les desarconnent, et ils finissent le plus souvent par s'eloigner en m'ignorant souverainement.

Je pense que si l'anglais est aussi peu rependu, c'est que la jeunesse est inexistante. Je rencontre des enfants et des vieillards en quantite suffisante pour peupler les villes, mais la Roumanie semble desertee par ses jeunes. Ca donne un teint de decadence aux grandes villes, et un charme moyen-ageux aux petites. Les rares adolescents ou trentenaires que je rencontre sont Tziganes, mais j'ai peut-etre deja trop dit a quel point leurs visages, a l'oppose de leurs ames, sont en tous points depossedes de leur jeunesse. Ils sont des tableaux de jeunes gens parcourus de craquelures et de vernis jaunis, de sorte qu'on reconnait leur jeunesse mais ne la sent pas. Ou est-elle donc, l'ame petillante de la jeunesse ? Les touristes sont trop rares pour donner le change, et je vois les Roumains a l'image de leurs maisons, beaux et divers, decrepis et poussiereux.

Je trouve d'ailleurs d'autant moins de jeunesse dans leurs visages que les Roumains ne sourient pas. Ils savent rire, quoique jamais de mon fait, etre aimables voire affables, mais le sourire leur est etrangers. New York est loin ou le sourire et la familiarite sont de mise partout ou l'on met les pieds. Ici, meme lorsque quelqu'un vient me poser la question la plus futile, j'ai l'impression de me faire gronder. Sans animosite, mais sans compassion. Je me dis que la culture du sourire est une chose etrange, et qu'elle est le presuppose de toute communication. Quand je m'avance vers quelqu'un pour un renseignement ou pour lui acheter un objet, que je lui sourir, fidele a une culture fierement ancree (culture encore plus feminine que masculine en France d'apres ce que j'ai remarque de nombreuses fois), et que mon interlocuteur me repond avec ce regard neutre, presque blase, qu'ils ont tous, je realise que meme si je parlais Roumain et connaissais les rues de ces villes par coeur, la communication serait tuee dans l'oeuf des l'instant de ce premier regard. Les Americains, qui n'aiment pas les francais (surtout les hommes) du fait de leur posture naturellement froide et distante… que penseraient-ils des Roumains ? Peut-etre du bien, car ils n'ont pas cette arrogance naturelle propre a notre culture. Pour etre plus precise, on peut dire que les americains posent entre eux et leur interlocuteur une bulle de savon, que les Roumains y mettent un petit mur de beton et les francais une fine couche de glace. Alors aussi peu de jugement que l'on puisse en tirer, c'est tout l'exercice du voyageur de ne pas s'en inquieter.


En Roumanie enfin, on peut fumer dans les restaurants, les bars et les trains, mais pas dans les gares. Alors j'ai l'impression que les lois sur le tabac sont elles aussi une sorte de reflet de l'etat economique d'un pays : quand les gens ont peur du cancer, c'est qu'ils sont sauves de la peur du manque.


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