mardi 20 mai 2014

19 mai 2014 - Montréal 2

Je vis dans la petite maison de pas moins de six personnes, réparties en trois couples. Lorsque je quitterai Montréal pour visiter Toronto, ce sera dans l'appartement d'un autre couple que je me rendrai.
Je crois avoir fait les choses peut-être un peu à l'envers : j'ai commencé ma vie d'adulte par plusieurs longues relations, jamais célibataire alors que les gens autour de moi se cherchaient et se trouvaient, allaient et venaient, profitaient de leur liberté en cherchant de nouvelles attaches. Et aujourd'hui me voilà enfin libre comme l'air, alors que tous autour de moi se prélassent dans de tranquilles vies de couple. Fondamentalement, mon célibat me rend plus compatible encore avec ce rôle d'observatrice que je me donne où que j'aille depuis des années. Ainsi, quand ces six personnes se sont blotties les unes contre les autres sur le canapé pour regarder Game of Thrones ensemble comme elles le font immanquablement le lundi, je suis restée sur le fauteuil, d'où je pouvais les observer sans être vue, un oeil sur l'écran, un autre sur leurs vies.



Montréal est une île. Je suis une île. Je suis une île, sur cette île, observant autour de moi le flot des gens qui vivent leur vie en s'amusant. Je suis une île, fière d'être une île, et qui pourtant parfois se donne des ambitions de continent.
Aujourd'hui je suis allée voir la limite sud de Montréal, au bord de l'eau, sur le vieux port où se marient des architectures improbables de toutes époques avec de petits parcs adorables, qui abritent l'hiver d'immenses patinoires où tout le monde se rend. En face de l'île de Montréal, les Québécois ont créé à partir de rien, dans l'eau même du fleuve et où son lit était large, une très grande île qui s'adresse de loin à sa camarade citadine. Sur cette nouvelle île furent montés un Parc d'attraction, des maisons, d'autres parcs… Montréal est une île qui ne veut jamais être seule. Je suis une île qui regarde d'autres îles, comme ce mendiant à qui j'ai offert un hamburger, ou comme cette américaine qui parle un français cassé qu'il faut plusieurs minutes pour comprendre, et qui a pourtant un accent du sud quand elle parle des “jânes” et des “rauses” parce que son petit ami est toulousain.



Je suis une île, sur une île, j'observe d'autres îles, et je pense à toutes ces grandes îles qui m'ont un peu faite : Manhattan, Alcatraz, et maintenant Montréal.

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