dimanche 7 janvier 2018

INDE, Mahabalipuram - 6 janvier 2018

Pour dire oui, les indiens secouent la tête d'épaule à épaule : elle semble fixée sur ressorts et rebondir doucement sur leur cou droit. Chaque fois qu'un indien me dit oui, j'entends «peut-être, peut-être pas».

Peut-être pas : Chennai. Sollicitée à chaque minute par les taxis, les pousse-pousse et les bus, surprise sans l'être par l'agitation, la pollution, le désordre. La ville est trop, beaucoup trop, mais je ne sais pas ce qu'elle est exactement. Elle l'est trop, seulement.

Selfie ? Une jeune fille veut prendre une photo en ma compagnie. Je ne comprends pas. Ça m'arrivera pourtant trois fois aujourd'hui : la photo avec l'occidentale, tellement marrant, tellement bien. «Peut-être, peut-être pas», sourit elle allègrement.

Peut-être : Mahabalipuram. On quitte la grande ville de plusieurs millions d'habitants pour ce gros village de pêcheurs et de touristes. Je mange en regardant les familles passer le temps sur la plage pendant que des coques fragiles et colorées envoient leurs hommes par demi-douzaines sur l'océan. Je me sens mieux, comme les petites vaches tranquilles qui broutent les scooters et lèchent leurs veaux. Je ris avec une petite fille dans la rue. Même dans l'indolence, l'Inde est bruyante : les klaxons retentissent - «j'existe !» - les gens appellent - «viens acheter, achète plus !» - les corneilles croassent dès le matin et répondent sarcastiquement à tout ce peuple, à la fois, curieusement, tranquille et agité, paisible et bruyant. On n'a pas quitté l'Inde de Chennai, on l'a remise en équilibre, comme l'immense rocher qu'ils appellent ici «boule de beurre», qui tient miraculeusement sur le versant de la colline. Un équilibre fragile, comme ces milliers de petites têtes qui disent «peut-être, peut-être pas», et sur lequelles au fil de l'habitude on apprend à lire tout simplement : «oui».

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