vendredi 12 janvier 2018

INDE, Kumily - 12 janvier 2018

Il n'a pas plu. C'est à croire que je payais hier la journée d'aujourd'hui, pour qui croit au karma comme une monnaie d'échange. Chat échaudé craint l'eau froide - ou, en l'occurrence, l'eau tiède des lacs - nous étions hésitantes à l'idée de prendre un canoë sur les backwaters après notre déception d'hier. En route vers la plage de Marari, nous regardions d'un air méfiant les grands bateaux aux toits de paille appelés kettuvalam, quand au milieu de ces mastodontes une petite embarcation de bois vint se détacher par sa frêle composition même. Son propriétaire a dû sentir notre regard s'attarder un instant, et s'est jeté sur nous sans plus attendre pour nous proposer son modeste canoë : c'était Pushparajan, de son nom. Nous avions décidé d'embarquer pour 2h, nous sommes revenues à quai 5h après.

Les backwaters n'ont rien des bayous de Louisiane que j'imaginais malgré moi. Tout au long de ces canaux désordonnés, de petites maisons vivent sur l'eau comme dans une Venise tranquille. Les chats courent après les barques de pêche jusqu'à ce que les pêcheurs leur envoient de menues prises pour ralentir leur course. Les femmes font la lessive, les enfants observent les algues et de petites paillottes donnent contre la mer pour le déjeuner ou le thé. Au milieu de tout ceci, de petits villages entiers sont posés sur des îlots, chaque maison le sien ou presque, que l'on parcourt sur des planches de bois ou des tas de sable. Le tout est désarmant de charme. Nous avons visité les lieux en compagnie de notre guide et conducteur toujours gentil et souriant, nous nous sommes baignées, avons visité, regardé, ramé un peu pour aider la petite barque sans moteur à traverser lorsque la végétation était trop dense. Pas une minute de ce trajet ne nous a semblé trop longue.

Il n'a pas plu, mais nous avons pourtant rencontré plusieurs visages de l'eau. Après cette excursion dans une Inde intime, que l'eau porte à son rythme, voile et révèle tour à tour, nous avons ensuite fait un tour à Marari Beach, longue plage bordée de cocotiers, où les quelques touristes - français pour la plupart - sirotent des jus de fruits entre deux plongeons dans l'eau chaude. Quelle que soit la condescendance de mon ton, c'est exactement ce que nous avons fait de notre courte après midi là-bas. Sans être factice et très loin d'être vulgaire, il y avait tout de même quelque chose de clinquant dans cette eau domestiquée, dressée, qui fait la belle devant quelques paires de lunettes assises sur des transats. Tout comme les éléphants ou les vaches, l'eau est à la fois maître et esclave d'une population dont elle rythme la vie mais qui en fait commerce.

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