jeudi 11 janvier 2018

INDE, Alappuzha - 11 janvier 2018

Longtemps j'ai refusé d'être une touriste. En diversifiant les moyens de transport de l'autostop à la marche en passant par le train à vapeur, en allongeant les durées de séjour à plusieurs mois, en choisissant des destinations qui correspondent à mes métiers et où il m'a toujours semblé possible de poser les valises un an ou deux, en me déplaçant toujours seule, en écrivant plutôt que de prendre des photos, je rejettais le cliché de la touriste occidentale, avec la plupart du temps un certain succès.

Voilà qu'aujourd'hui je me trouve en Inde pour dix jours. Je suis, avec une amie et mon appareil photo, dans un pays dont le cinéma me laisse amusée mais pantoise, et dans lequel je ne me sentirais pas de vivre à l'année. Voilà que, par la même occasion, je me retrouve à essayer - selon l'expression consacrée - de rentabiliser mon temps. Quelle horreur !

Ç'en est suivi cette journée décevante, pas même détestable, rarement agréable. Nous avions décidé, un peu trop vite, de préférer au train qui nous amènerait de Kollam à Allapuzha un bateau qui arpente les backwaters à un tarif raisonnable. Bonne idée en soi, mais notre enthousiasme s'est lentement étiolé au cours des... huit heures de trajet sur un grand lac plat bordé de palmiers.

Il y a bien eu les habitants qui nous saluaient de la berge - des classes d'école entières par moment, des pêcheurs en train d'installer leurs grands filets chinois, des femmes qui faisaient la lessive et tous les enfants trop jeunes pour être encore en classe.
Il y a eu les aigrettes, les hérons et les faucons, ainsi que de toutes petites mouettes agiles qui suivaient le bateau en virevoltant à la même vitesse que l'embarcation : je les regardais filer sans bouger les yeux.

Mais en fin de compte, je voyais les heures passer de même et je voulais les rattrapper où elles tombent nonchalamment de l'autre côté du temps : c'étaient les miennes et, mouettes ou pas, elles m'étaient volées. En les voyant disparaître, je réalisai tout à coup que la fin de mon séjour approche déjà à grands pas. Je ne sais pas comment rattraper les heures perdues, coincées dans une rainure ou le cadran de la porte. Deux excellents repas indiens ont aidé, mais je suis encore inquiète de voir passer demain devant mon nez sans avoir réussi à l'attraper, d'autant qu'il pleuvra, et qu'on a toujours moins de prise sur les jours de pluie.

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