mercredi 6 octobre 2010

6 octobre 2010 - New York vol. 20



Aujourd'hui a été de ces journées faciles où tout coule de source. J'ai commencé par regarder ce matin le film The Yellow Submarine, idéal pour commencer la journée du bon pied malgré les litres d'eau qui tombaient encore dehors. Mes cours ont été amusants, intéressants, constructifs, et en sortant de mon dernier cours à 21h la petite allemande m'a encore une fois prise sous le bras, cette fois-ci pour une soirée d'anniversaire dans Brooklyn.

Je m'attendais à une de ces soirées où les inconnus boivent une bière dans leur coin (et parfois trop d'affilées de sorte que le seul souvenir que l'on garde d'eux leur laisse peu de gloire), où les filles dansent sur des airs idiots et les garçons répondent en lançant de vastes rires pour de petites blagues, sans très bien d'ailleurs savoir pourquoi.
Mais arrivée là-bas, forcément… La soirée se passait dans un petit théâtre-cirque dans un bric-à-brac d'objets et de velours rouge à limite de la folie. J'ai cru d'abord à une soirée costumée. Mais non. Les filles étaient presque toutes de ces pin-ups des temps modernes, portant turbans, piercings et tatouages de pair avec des jupons de hippies ou des chaussures des années 20. Les garçons portaient des barbes hallucinantes, de longueurs et de formes diverses, des gilets, des chemises, des chapeaux avec ou sans plumes, des vestons avec ou sans fleurs. Et les autres étaient là aussi. Pendant une partie de la soirée, la moitié des gens présents ne m'inspiraient aucun “genre”. Les butchs (en français “garçonnes” quoique le mot français soit tellement plus doux que l'américain) se différenciaient difficilement des transsexuels d'une direction ou d'une autre. Celle/Celui que l'on appelait “baby willy” (bébé william) rayonnait d'une candeur rare.
Un gigantesque noir est arrivé en tant que DJ. A son arrivée je lui ai lancé un large sourire, auquel il m'a répondu timidement, froidement. 10 minutes plus tard, il était avec nous, des seins de la taille de ma tête, une robe de soirée scintillante et des talons qui faisaient de lui je crois la plus grande femme du monde. Et du haut de ses maintenant 2m il m'a alors adressé un gigantesque sourire d'une franchise revigorante. Et au milieu de ces fous punks-hippies, tous artistes, stylistes, sculpteurs, comédiens, troubadours, je m'attendais à tout instant à voir débarquer une Frida Kahlo de 25ans qui aurait laissé sa peine à l'entrée. Un irlandais dont la barbe rousse descendait jusque sur sa poitrine s'est entiché de moi dès mon arrivée, et je dois dire que pour faire ses premiers pas dans une soirée, avoir un prétendant rend toujours les choses plus faciles. Je ne devrais pas dire ça ? Pourtant c'est vrai. Il m'a présenté du monde, m'a aidé à me repérer, à me servir à boire, et même à la fin de la soirée à retrouver mon métro. Il était certes la gentillesse incarnée, cependant je reste persuadée qu'un mot toutes les dix secondes, c'est trop peu pour avoir une conversation. Moins d'herbe et plus d'amis, parfois c'est la règle. Mon entrée a aussi été aidée par ce fameux manteau (qui m'ouvre toutes les portes, on dirait une formule magique), qui me permettait un point d'entrée “I love your coat” dans à peu près tous les groupes. Il y a une chaleur naturelle chez les New Yorkais qui, j'en suis sûre, me manquera beaucoup à mon retour. En une demie-heure à peine, j'avais ma place. Ils étaient passionnants, à regarder et à écouter parler de leurs projets; de leur métier et… ils gagnaient tous leur vie en tant qu'artistes, à 25 ans, et ça m'a gonflée d'un peu d'espoirs. C'était bon ! J'aimerais leur rendre honneur par ma description, mais en réalité mes mots ne feraient que les “poser”, alors qu'ils étaient là dans le mouvement, la vivacité d'esprit et de rire, un joyeux déséquilibre permanent… C'était un tremblement de vivacité qui passait parmi eux jusqu'à moi. Un tremblement de jeunesse.
Quand je suis repartie, au moment de me serrer dans ses bras (oui ce salut américain me laisse toujours légèrement maladroite), la jeune fille dont c'était l'anniversaire (et qui était je le rappelle, l'amie de l'amie de mon amie) m'a glissé un petit carton sur un spectacle qui aura lieu dans ce même petit théâtre fou le week-end prochain. J'irai peut-être. Et cette fois-ci, ce sera mon anniversaire…






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