Hier, je suis allée à l'ex-plo-ra-to-rium ! Oui, oui ! Et c'était gratuit ce jour-là (je crois, parce que je n'ai trouvé personne à l'accueil pour payer). Je pensais y passer deux heures, et puis faire un tour dans ce parc, puis aller au Golden Gate Bridge, et avoir fini pour 17h, heure à laquelle le soleil se couche.
De fait j'y suis resté 4h et c'est comme s'il ne s'était passé que trois minutes. Il y avait des tornades miniatures, des jeux d'aimants, des trucs pour tromper le cerveau et d'autres pour tromper les yeux, d'étranges machines qui font de l'électricité, d'autres qui reproduisent des comètes de poche, des mécanismes bizarres qui transforment le son, un ordinateur avec qui tu peux avoir (presque) une vraie conversation (Daisy, elle s'appelle, mais quand elle ne sait pas quoi répondre à ce que tu lui dis elle embraye illico sur l'intelligence des ordinateurs, on pourra dire qu'elle est égocentrique avant l'heure), des jeux pour te prouver que ta culture influe sur ta perception, des jeux pour comprendre la gravité, l'énergie, des hologrammes… Le royaume des gosses ! Les plus grands font semblant de comprendre comment ça marche (c'est expliqué, mais parfois il faut s'accrocher) tandis que les petits deviennent fou de toutes ces lumières et ces fumées et ces trucs qui bougent, et dont ils sont l'instigateur ! J'aurais adoré être là avec mes neveux, parfois excités, parfois intimidés, dans tous les cas émerveillés. Mais cela fait partie de ces merveilles devant lesquelles je ne connais pas d'homme qui ne devienne pas un enfant.
Le tout dans un énorme hangar en métal. Quand il a fermé, les voix se répondaient “The Exploratorium is now closed !”, “The Exploratorium is now closed !” mais personne ne voulait partir : “attendez il y a encore l'eau qui vole à droite ! Et les ombres qui restent scotchées au mur ! Et le truc qui pend, là c'est quoi ?!” .
“The Exploratorium is now closed !” - maintenant les voix n'étaient plus celles des employés, mais de jeunes, amusés par la rengaine, qui répondaient à leur manière en jetant cette phrase de l'un à l'autre, et en se dirigeant lentement, mais alors très lentement, vers la sortie.
“The Exploratorium is now closed !” - c'était cette fois une autre bande d'adolescent qui n'aurait pas voulu s'en aller sans avoir été de la partie - et qui prenait comme par hasard la direction opposée à la sortie “oh, on ne savait pas !”.
“The Exploratorium is now closed !” - c'était quelques gamins, 6 ans peut-être, qui jugeaient qu'au fond crier à tue-tête c'était aussi drôle qu'autre chose, et qui riaient “The Exploratorium is now closed” tout en restant récalcitrant à suivre leurs parents vers la sortie.
Le soleil commençait déjà à tomber quand je me suis décidée à passer la porte, avec encore cent choses que j'aurais voulu voir sans en avoir le temps.
Un peu téméraire, je voulais longer la côte jusqu'au Golden Gate Bridge. J'ai commencé le périple, avec comme point de mire le pont qui s'incendiait peu à peu. Les ombres autour de moi s'épaississaient, bientôt les chiens et leurs maîtres ne faisaient plus qu'un monstre à deux vitesses, les oiseaux se fondaient dans leurs reflets sur l'eau, et bientôt plus rien n'existait que le pont et moi, tête à tête fabuleux. Mais il jouait un jeu impertinent : à chaque pas que je faisais, il s'éloignait d'un pas, de sorte qu'après une demie-heure il était toujours à la même distance de moi. Il n'y a plus de bus à cet endroit-là de la côte, juste l'énorme parc derrière moi et le froid qui grince dans la brume. Je me suis arrêtée quelques secondes, ai regardé le pont d'un air de défi. Véridique, j'ai murmuré “Tu verras demain, quand il fera jour, tu ne m'échapperas pas”, ce qui a rendu un chien curieux. Il m'a suivi alors que je faisais demi-tour pour retrouver le bus, et, finalement, la chaleur réconfortante de l'auberge de jeunesse. J'y ai retrouvé un ami, français, et nous sommes allés fumer une narguilé avec un thé au bout de la rue. Nous y sommes arrivés à 20h à peine, sommes repartis à 2h du matin, ivre de paroles et de choses qu'il nous restait encore à raconter, et qu'on n'aurait pas le temps de se dire, la voix fatiguée et les yeux toujours vifs.
Mais il fallait que je sois en forme car aujourd'hui j'ai un défi à relever : le pont m'attend, et il sait qu'à son jeu, je vais gagner. J'y ai vaincu des montagnes et leurs centaines de faux-cols. Et je sais quelque chose : quand on marche longtemps, on arrive quelque part.
samedi 8 janvier 2011
8 janvier 2011 : San Francisco vol.8
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