mercredi 12 janvier 2011

12 janvier 2011 : Los Angeles vol.1 : FIN DU VOYAGE

Mes dernières heures à Los Angeles sont là et, par conséquent, mes dernières heures sur le territoire américain.



C'est comment Los Angeles ? Je ne sais pas. Dépaysant, sans doute, pour voir les choses du bon côté. Grand, il n'y a pas à dire : la moindre « petite » rue a 6 voies et s'étale sur l'équivalent de trois villes différentes. Car il y a plusieurs villes à L.A. : Santa Monica, Universal City (non, vous ne rêvez pas, les studios universal sont si grands qu'ils ont leur propre police, leurs propres pompiers et leur propre code postal), et d'autres. La ville entière est folle. Je ne veux pas dire par là énergique ou vivante -loin s'en faut- mais décalée, hors du réel… toute la ville est touchée par ce fanatisme de la célébrité qui la rend vulgaire, vénale… Si New York est une grande enfant et San Francisco une hippie, alors Los Angeles doit être une prostituée.


Le mieux étant bien sûr que je raconte, mais après tout je n'y ai passé que deux jours…


De San Francisco à Los Angeles mon bus a traversé le désert. Des étendues plates et sans végétation si ce n'est de l'herbe sèche, que je pouvais imaginer salée par les vents de la marée. Parfois, hors de tout, quelques collines, mais certainement rien de ces rues penchées et de ces vallons de San Francisco. Sept heures donc, à regarder l'éternel recommencement de ces limbes plates dans le silence engloutissant de ce bus endormi. Parfois, un champ d'orangers, qui s'étale et s'étale avec ses boules de noël orange, et dont on ne vois pas la fin.

Et puis finalement, sans que rien ne semble le justifier, apparues de nulle part, une rue, des maisons, des lumières partout : vous voilà à Hollywood. C'est aussi simple que cela. Les palmiers gigantesques et extrêmement nombreux ne trompent pas, et quand bien même vous auriez encore des doutes, voici le bâtiment du Capitol Records et derrière -non, vos yeux ne vous trompent pas- les neufs lettres irrégulièrement posées les plus célèbres au monde : « Hollywood » (ceux qui pensent automatiquement « chewing-gum » à la suite : bienvenue dans l'univers affreux de la génération pub des années 90).

Mon auberge étant située sur une rue perpendiculaire à Hollywood Boulevard, et mes jambes me démangeant du manque de marche, je suis sortie avec mon appareil photo, et un anglais avec qui j'avais fait connaissance en 5 minutes montre en main, pour prendre des photos du boulevard, de ses étoiles avec les noms de stars, des empruntes de pas de mes acteurs favoris, du Chinese Theater où l'on célèbre les Oscars, etc.

Le résultat était piteux : un large boulevard bordé de Sex Shops et de boutiques à touristes, et des étoiles sur le sol à n'en plus finir : et bien qu'il ne faudrait pas faire un rapprochement trop évident avec les personnes qu'elles représentent -quoique- : « quand on en a vu une, on les a toutes vues » (et il faudrait être une fan absolue de Chantons sous la Pluie comme je le suis pour y voir une référence quelconque).

Seul moment de la soirée qui m'a fait éclater de rire (l'anglais m'a alors regardé avec un air incrédule) : j'ai croisé le magicien ! Le mécanisme à 25 cents du film « Big » !. Il était là, il donnait sur la rue, sur la devanture d'une boutique. Si j'étais sérieuse, je supposerais qu'il y en a plusieurs aux Etats-Unis, sans doute encore plus depuis le film, mais comme je ne le suis pas je pars simplement du principe que celui de San Francisco a été transporté jusqu'ici pour me donner une dernière chance de le voir. Je l'ai pris en photo. C'est donc vraiment là que se termine l'aventure « Zoltar », parce que c'est son nom.

Photo-photo-dodo, donc, aura été le signe de ma soirée.


Tous ceux qui étaient allée à Los Angeles avant moi m'avaient prévenus : Los Angeles, c'est sans intérêt. Ils m'avaient aussi dit qu'étant donné que j'étais étudiante en cinéma il fallait ABSOLUMENT que j'aille voir les studios Universal. Oui, oui, très bien ! Un petit détour à Capitol Records, un autre à Amoeba (qui étaient mes arrêts « musique ») et me voilà enfin devant Universal Studios, où à ma grande surprise j'apprends qu'il s'agit en réalité d'un parc d'attraction incluant la visite des studios. Le parc est atrocement cher, et parce que j'apprends aussi qu'il ferme à 17h (la vie est dure), je consens à payer encore plus pour un billet « Front of the Line », qui permet de ne pas faire la queue devant les attractions, et donc me permettrait en théorie de toutes les faire malgré le fait qu'il soit déjà 12h. Quelques $120 pour un parc d'attraction, donc, il avait intérêt à avoir des ressources ! Je n'ai pas pu tout faire, mais ce que j'ai fait valait le coup. Car il ne s'agit pas d'un Futuroscope au rabais, comme j'en avais l'impression au début : leurs activités sont tournées vers le studio auquel le parc est attenant. J'explique : passé un concert très très chouette des Blues Brothers (non pas les vrais, ils n'ont pas ressuscité le mort, encore que j'ai failli le croire), et un court-métrage exclusif de Shrek en 4D sans intérêt, je suis allée faire l'attraction « Studio Tour » : un tour du studio, donc, dans un petit train pour touriste. D'abord nous traversons les décors de Western les plus utilisés au monde (six rues dont chacune a son poste de shériff, son bar à double volet, son croque-mort et son bordel : on ne lésine pas sur les moyens ; puis le décor des Dents de la Mer qui n'a pas été transformé et qui sert encore à beaucoup de films (où le véritable requin qui a servi au film sort tout à coup de l'eau pour se jeter sur le train, s'arrêtant à quelques centimètres à peine) ; le décor de Psychose de Hitchcock, gardé consciencieusement en l'état, avec un petit plus : le personnage du film qui sort, met une blonde morte dans la malle de sa voiture et s'approche du train avec un long couteau avant d'attraper quelqu'un par le col, au moment où le train redémarre. Effet garanti.

Puis nous sommes passés devant les voitures mécanisées qui sont utilisées pour les scènes de carambolages, lesquelles nous ont donné un aperçu de leur utilité, avant de… danser. Oui, des voitures qui dansent. Pourquoi pas.

Puis une petite visite des décors de Desperate Housewives, où devant l'une des maisons une équipe se préparait.

Un passage dans le décor de Jurassic Park tout compris : voitures, jungle, barrières électriques… (si j'avais été un brin moins fière j'aurais sauté dans tous les sens, je vous jure), puis devant la grande cuve qui est utilisée pour faire les scènes-sous marine, puis devant le mur bleu le plus long du monde (quelques chefs op’ de ma connaissance baveraient déjà à l'heure qu'il est), puis dans le plateau complètement détruit de la Guerre des Mondes (version Spielberg) où un véritable avion a été explosé et désossé (mes velléités de décoratrices n'en revenaient pas), puis sur le lac qui a servi dans une vingtaine de film à représenter à l'heure qu'il est 5 mers et océans différents, dans la grotte où a été tourné « la Momie » (circulez, y'a rien à voir)… Nous voilà alors dans un décor de métro new yorkais entièrement mécanisé qu'on croit au premier abord tout a fait ordinaire quoi que parfaitement reconstitué. Voilà même le métro qui approche ! Et alors qu'il nous dépasse, tout explose : le métro déraille, s'ouvre en deux à 20 centimètres du train (ai-je dis qu'il n'y a aucune paroi à notre train sinon un sol et un plafond ?), des centaines de litres d'eau se déversent tandis que le sol s'ouvre et le plafond tombe, et les étincelles des fils électriques brisés et mouillés sont projetées en tout sens. Quelques secondes plus tard : plus rien : tout est sec (sèche-cheveux ultra-puissants), sols et plafond sont retournés à leur état d'origine, le métro se reconstitue par magie et rentre tranquillement au bercail. C'est quelque chose à rendre le cerveau malade.

Après ça nous passons au milieu des studios d'enregistrement son, que nous ne pourrons pas visiter aujourd'hui : ils sont tous utilisés, et nous nous retrouvons sur le décor du dernier King Kong, dans une caverne tapissée de squelettes et de vieilles pierres. Il commence à faire noir. Sacrément noir. Et là le petit train s'arrête. On nous donne des lunettes 3D, qu'on enfile sans trop comprendre, et s'ensuit l'activité la plus géniale au monde (j'en suis encore toute retournée… « l'envers vaut l'endroit ») : Peter Jackson, donc, le réalisateur de King Kong, a aussi conçu cette activité, que je vais avoir bien du mal à décrire : il y a des écrans tout autour de nous : nous sommes dans une sorte de sphère d'écran, sur laquelle est projeté en 3D un combat entre King Kong et un T-Rex, dont on a vraiment, mais alors vraiment la sensation qu'ils se battent au-dessus de nous : et ce d'autant plus que le train vibre et bouge et percute à chaque fois que l'une des deux énormes bêtes le touche. Il y a encore bien d'autres techniques utilisées lors de cette attraction, mais de toute façon le tout est du domaine de la sensation. Nous sortons de là excités, énervés et mouillés (oui, ça aussi), et continuons la visite. Celle-ci dure une heure. Encore des décors, des visites, des effets : la ville s'étend à l'infini avec ses noms de rues modernes à souhait (le carrefour de l'avenue Steven Spielberg et la rue Bob Marley m'a laissé un brin cynique).

Après quoi je ne savais pas très bien quelle activité faire : je savais avoir vu la partie la plus passionnante du parc, qui aura plu en moi autant à l'étudiante en cinéma qu'à la jeune fille en vadrouille. J'ai choisi au hasard une attraction portant sur les effets spéciaux, qui ne m'aura pas appris grand chose, mais il faut dire que pour ce qui est de la technique, les étudiants en cinéma sont un public très difficile. Et puis sans trop y croire mais parce que c'était la dernière attraction ouverte, je suis allée voir « les animaux du studio »… ce que je n'ai vraiment pas regretté. Il s'agit des animaux qui sont véritablement utilisés par les studios pour leurs scènes. Pas de lion, de tigres ou de girafes, seulement des singes, beaucoup d'oiseaux, des chats, des chiens, des porcs, etc. Et en réalité je crois que l'absence de bêtes par trop impressionnantes a rendu le tout beaucoup plus intéressant. Comment par exemple un réalisateur parvient-il à filmer un oiseau en vol ? Vous savez, cette scène où on est juste à côté de l'oiseau, qui comme par magie reste parfaitement au milieu de l'écran ? Eh bien explication avec un perroquet. Vas-y coco ! Coco (qui ne s'appelle pas Coco, je le précise, mais dans une volonté de vulgarisation je lui donne un nom qui vous aidera à garder à l'esprit qu'il s'agit d'un perroquet, ce qui n'a pourtant aucune importance)… Coco, donc, vole jusqu'à un énorme ventilateur, et à côté du ventilateur se trouve un écran vert (qui sera ensuite remplacé numériquement par le bleu du ciel, sait-on jamais que certains lecteurs ne sachent pas ce qu'est un écran vert). Coco vole contre le vent, sauf que -Hallelujah- le vent est trop fort, ce qui fait que Coco il a beau voler, il fait du sur-place. Tout bénef pour la caméra qui sans bouger d'un micro-centimètre a son coco volant eu centre de l'image devant un écran vert. C'est tellement évident que je n'y aurais jamais pensé.

Et puis après il y a les chats (impressionnant) et une petite dispute très drôle entre un coq et un porc sur le repas du jour (c'est très drôle et très bien fait mais je vous épargne les détails), un orang-outan (c'est toujours impressionnant : non seulement il fait ses tours, mais tout singe qu'il est on dirait qu'il « pense » ses tours, et cela rend l'animal particulièrement fascinant, d'aucun de ma connaissance diront « dérangeant ». Et puis bien sûr des chiens qui font tout un tas de choses mais c'est de la triche, eux ils sauteraient volontiers d'un avion sans parachute si on leur promettait un susucre. Il y a ensuite les pigeons, l'aigle, le faucon qui a été éduqué pour aller trouver la seule main du public qui tient un billet de banque plié pour le récupérer et le ramener au dresseur (pratique), un aigle, un cochon (il a fallu 48 porcs pour filmer Babe, les petits porcs grandissent trop vite), etc.

J'ai fini mon tour du parc, et ai pris le chemin de la sortie, certes pas mécontente de mon expérience, mais frustrée de l'heure de fermeture.

J'ai décidé parce qu'il était tôt de prendre le bus jusqu'à Primitive Sound, magasin d'instruments de musique où sont censés travailler le chanteur et le bassiste d'un groupe que j'adore. Il fallait environ 1/2h en voiture pour arriver là-bas d'après internet, je comptais une heure en bus, ce qui me laissait une heure pour voir environ de quoi il retournait et, peut-être, trouver un vinyle du groupe que j'aurais pu faire signer par « The Preacher » et « Sonic » (ceci étant censé donner une idée de la nature du groupe en question). Il m'a fallu 3h30 pour arriver à destination. Note à moi-même utile aux autres : Los Angeles, c'est la ville où les gens sont fiers d'une chose : leur bagnole. Si tu n'as pas de bagnole, t'es un guignol (ou un clodo, ce qui revient au même, on est en Californie), alors pourquoi diable envoyer des bus toutes les 10 minutes comme dans toutes les villes du monde ? Et à quoi servirait-il de faire en sorte que ces bus aient des correspondances faciles ? Et pourquoi est-ce qu'il y aurait des taxis alors que les riches ont des voitures et que les pauvres ne prennent pas le taxi ? Hum ? J'ai donc pris trois bus différents, que j'ai attendu 1h, 1h et 1/2h. Je ne pouvais même pas faire demi-tour et juste rentrer chez moi parce qu'il me fallait 5 autres bus si je retournais chez moi par Universal Studio, et seulement 2 si je passais par ce fichu magasin. Je suis arrivée là-bas à la nuit noire, dans cette rue déserte, devant le magasin fermé, sans bus à l'horizon, et sur cette énorme route à 8 voies qu'ils ont le culot d'appeler une « rue ».

Je me suis avancée pour prendre une photo du magasin qui avait fermé d'après la pancarte 1h30 avant, et j'ai vu une ombre bouger, et fermer la grille sentencieusement. Difficile de ne pas le reconnaître, il s'agissait de Sonic, donc, le bassiste du groupe. Je lui ai demandé où je pourrais trouver leurs vinyles : ils n'en ont plus en stock pour le moment, et nous avons échangé deux-trois mots sur son groupe et la France. Il est rentré dans son énorme voiture et est reparti. Je pourrai au moins dire que j'ai rencontré, en Californie, le bassiste d'un des premiers groupes que j'ai appris à aimer dans ma vie (je m'y suis pris tard, n.b.). Comme j'avais le sourire aux lèvres, la loi de Murphy m'a lâché les baskets, et je suis passée d'un bus à l'autre sans encombre, attendant entre un quart d'heure et une demie-heure l'arrivée de chacun des deux bus. Je suis arrivée à l'auberge un peu tard, mais il était assez tôt encore pour aller manger au Hard Rock Café de Los Angeles, parce que j'ai un esprit de collectionneuse qui fait que je ne pouvais pas résister, après avoir mangé au Hard Rock Café de Venise, de Lisbonne, de Barcelone, de New York et de San Francisco, à aller dans celui-ci. Ce qui a clos une journée étrange, où j'avais réalisé à quel point Los Angeles est une ville où je ne pourrais pas vivre.


Mais le lendemain, un programme tout autre m'attendait.


J'avais préparé un programme bizarre. Il faut imaginer que je n'ai pas de plan de la ville (tous les plans que j'ai pu trouver ressemblaient à s'y méprendre à des cartes routières, desquelles je ne comprends pas une ligne), pas de guide (ces deux dernières semaines je n'ai jamais tant regretté mon guide du routard adoré), et une simple feuille illisible donné par l'auberge pour aller aux principaux points intéressants de la ville à partir de l'auberge (mais pas entre eux). Donc j'ai fait confiance à mon semblant d'intelligence (et je parle là au sens basique de « inter » « ligere » à savoir « lier les choses entre elles ») pour retrouver à partir de ces indications quelles étaient les activités qui se trouvaient peu ou prou dans les mêmes zones et comment aller de l'une à l'autre. Je ne saurai jamais à quel point j'avais juste ou faux, puisque de toute façon les transports sont restés ce jour-là l'aberration qu'ils étaient la veille.

Tout d'abord, tôt le matin si l'on peut dire, je me suis retrouvée à El Pueblo et sur la rue attenante dont j'ai oublié le nom (que le dieu mexicain me pardonne, il a mille autres raisons de me bannir) : bref, c'est comme d'aller au Mexique. El pueblo, c'est une petite place mignonne devant l'ambassade du Mexique, et la rue en question est une rue tout ce qu'il y a de plus mexicaine, dans sa structure, son architecture, sa population, son ambiance, ses boutiques et son marché. Comme je ne savais pas à l'avance où j'allais mettre les pieds, me retrouver sur un autre territoire en moins de temps qu'il ne faut pour le dire m'a plutôt plu. L'ambiance était chouette, les couleurs éclatantes de tous ces objets et vêtements suffisaient à compenser la pesanteur des images religieuses qui fleurissaient un peu partout.

Après quoi j'ai décidé d'aller à Beverly Hills. Pourquoi pas après tout ? Non que je sois très attirée par les maisons de star, mais ça a l'air d'être un coin étrange et différent. Deux bonnes raisons, donc.

Un métro m'a mené à la place sur laquelle je devais prendre le bus 720. Ce chiffre m'est resté coincé dans la tête pendant deux heures et demie. 720, 720… non je ne vois pas. Je regarde sur la carte affichée au mur, et pourtant je crois savoir lire une carte, mais celle-ci était à s'arracher les cheveux. Je voyais bien le bus 720, mais impossible de deviner où il s'arrêtait. Alors je vais voir le Shériff (ça, j'adore) et je lui demande. « 720, 720… » Il ne sait pas, il va voir la carte, il ne comprend pas la carte, il me donne une indication (il a un gros ventre, un fort menton, des yeux bleus et un rire gras : il est tellement shériff comme devraient l'être tous les shériff que je lui aurais fait un bisou pour si peu) : l'indication est fausse. Quelqu'un m'arrête pour me draguer à base de « ouah les cheveux rouges ! Trop cool ! » je lui demande le bus 720. « 720, 720… » oui, il sait, « tu montes jusqu'à Grand Street, tu prends à droite et c'est là, sur Wilshire ». Je monte, je prends à droite, pas de Wilshire. Je croise une bande de jeunes qui chantent des cantiques derrière une affiche représentant Barack Obama avec la moustache d'Hitler, je n'ai pas le temps de leur cracher dessus, et de toute façon je suis trop énervée pour être cynique, j'arrête une petite bourgeoise (sûrement du coin, on est dans le quartier des affaires). « Wilshire ? C'est de l'autre côté ! » De l'autre côté, rien. J'arrête deux hommes en costard « c'est une impasse, Wilshire, tu ne peux la voir que de l'autre côté de la rue ». de l'autre côté de la rue : Wilshire. Pas de 720. Homme en costard : « 720 ? Attends je regarde sur mon Iphone… C'est sur la 7ème et Hope ». « Hope », ça veut dire espoir. On va dire que c'est bon présage. 7Ème et Hope, pas de 720. Une femme est là avec un sticker « ask me » (demandez-moi) alors je demande. « 720 ? C'est sur Wilshire, non ? ». Ben oui, peut-être, on m'a dit ça aussi mais Wilshire c'est aussi long que Los Angeles. « Attends je demande ». Elle sort son micro « 720 ? Sur Wilshire et Flower ? Ok » Ok, Wilshire et Flower, après Hope, ça fait trop hippie tout ça pour un quartier d'affaires. Je repasse devant les chanteurs de cantiques qui chantent toujours et ont l'air de huit crétins coincés dans un monde de série télé des années 50 « Honey I’m Hoooome », du coup ça me redonne un peu le sens de l'humour. Wilshire et Flower : pas de 720. Homme en costard : « je ne sais pas ». Autre homme en costard « prochain carrefour ». Pas de 720. Homme en costard : prochain carrefour ». Pas de 720. Un noir à vélo vient me voir : « 720 ? Deux carrefours plus haut ». Pas de 720. Tiens, un mexicain. J'ai dû quitter le quartier des affaires. Ça ressemble à rien ici. Un mexicain : « je ne sais pas ». Un clodo : « prochain carrefour ». Pas de 720. Un autre clodo : « je ne sais pas ». Un vieil homme « quoi ?! Quoi ?! 720 ? Je ne sais pas ». Un mexicain : « prochain carrefour ». Pas de 720. Une femme enceinte « no hablo inglés ». Un mexicain : « 720 ? Ah, tu vois le bus qui s'appelle 20 et qui s'arrête là ? ». Oui, j'en ai vu passer au moins deux cents depuis que je cherche. « Eh bien il fait exactement la même route que le 720, seulement il s'arrête plus souvent ».


C'EST UNE BLAGUE ?!!!




Bref, je suis arrivée à Beverly Hills beaucoup, beaucoup plus tard que prévu, et je n'avais vraiment pas envie de reprendre le bus après ça pour aller sur la plage comme prévu. Si je dois chercher un bus encore une fois je m'arrête en chemin pour acheter un flingue (j'ai vu des magasins qui en vendaient un peu partout le long de ma route) et je tire dans le tas. Californian way.

Et puis bon, c'est riche, hein, Beverly Hills, mais j'y fais quoi maintenant ? Y'a quoi à voir ?

Un homme avec une veste rouge et un chapeau haut-de-forme me hurle dans les oreilles « Hey ! D'où viens-tu, miss ? » -De France- « Bonnjur, commenn talé vu ? » Très bien, merci. Puis en américain à nouveau «Si tu as des questions, pose, je suis payé par la ville pour ça. Tu veux faire une visite ? $45 en bus, tu verras la maison des stars, l'ancienne maison de Brad Pitt et Jennifer Aniston et tutti quanti » Non merci. Et là il s'arrête de parler. Il me regarde trois secondes, c'est de toute la journée le plus long moment de silence auquel j'aurai eu droit avec lui et me dit « pourquoi est-ce que les français ne veulent jamais faire la visite ? » J'essayais de ne pas être snob (« parce que les français ne sont pas des groupies sans cervelles ») et ai simplement répondu vaguement : « on est peut-être plus pauvre que les autres ». Il m'a dit « Pourtant vous avez la sécurité sociale et l'université gratuite ». Que répondre à ça ? J'ai fait mon plus beau sourire et sans le savoir je me suis mis le vieil homme dans la poche. Il m'a dit « écoute, il y a Rod Stewart qui mange au resto dans la rue d'à côté avec sa copine, si tu veux on va le voir, je le connais, et ensuite je te fais faire un petit tour de la ville. Tu as prévu de faire quoi après ? » Je lui réponds, un peu dépassée par son flot de parole, il faut imaginer qu'il s'arrête toutes les trente secondes pour dire bonjour à des touristes, chaque fois dans la langue qui leur est dû : « je pensais aller à la plage mais… » « eh bien très bien, j'habite à Santa Monica, là où ils ont tourné la première saison d'Alerte à Malibu avant d'aller tourner à Malibu, si tu veux je t'amène en voiture, on s'arrête chez moi trois minutes pour que je me change, et ensuite on y va. Après ça je t'indiquerai quel bus prendre pour rentrer ». Ça, ça pourrait être une scène d'un livre « dont vous êtes le héros ». Choisissez votre réponse et lancez vos dés. Si c'est 6, il s'agit d'un sale pervers tueurs violeurs d'enfants, de jeunes filles et d'éléphants (je m'emporte), si c'est 1, c'est un milliardaire qui vous offrira une villa sur le bord de la mer juste pour vos beaux yeux, si c'est 2, 3, 4 ou 5, il fera juste ce qu'il vous dit qu'il fera, assurant en fonction de votre score une plus ou moins bonne journée. Ou alors répondez « non merci » et ne lancez pas les dés.

Mais on ne fait pas de l'auto-stop sans être joueur, et on ne fait pas un voyage seule sans être attentive, donc j'ai dit « oui », en attendant de voir. On a fait le tour du centre de Beverly Hills. J'ai réalisé alors que mon compagnon était une star… à sa manière. Bon, il est timbré à sa manière, aussi : depuis onze ans qu'il bosse à L.A. dans le quartier des stars, il semble que sa réalité se soit confronté à celle divergente du monde des fans et des groupies. Il est resté coincé dedans, mais il en a vu tous les paysages. Il sait parler 20 langues couramment, et sait dire bonjour dans 100, ce qui lui a valu ce poste de « concierge de la ville ». Il est plus couramment appelé « l'Ambassadeur de Beverly Hills » comme j'ai pu réaliser quand un bus de touriste est passé avec son micro en disant « et à votre droite vous pouvez voir, dans son costume rouge, le célèbre Ambassadeur de Beverly Hills » (Je vous le présente : http://greggdonovan.net/). L'ambassadeur donc, m'a mené dans l'hôtel de luxe où a été tourné Pretty Woman « Ils n'acceptent pas normalement qu'on prenne des photo, mais comme tu es avec moi, tu peux. ». Il a donc pris une photo de moi dans le hall d'entrée, m'a raconté une histoire croustillante sur Julia Roberts plantant la Ferrari (je crois) qu'elle conduit dans le film en plein dans la façade de l'hôtel. Elle n'était pas encore assez connue à l'époque pour que cela passe sans l'énervement et le cynisme du reste de l'équipe. Mais comme dit Gregg (l'ambassadeur), aujourd'hui elle peut planter autant de voitures qu'elle veut. Nous passons en trombe devant Rod Stewart. Je pense que l'ambassadeur allait vite pour ne pas avoir à réaliser qu'il ne connaissait pas plus Rod Stewart que Rod Stewart ne le connaissait : de vue, de nom, de réputation. Gregg passe en disant « Bonjour Rod ». Ledit « Rod » se retourne, sourit vaguement. Il était exactement comme j'imaginais qu'il serait. Gregg poursuit sans s'arrêter de marcher « je te présente Marie, elle est française ». Rod me fait un signe de la main. Cela aura été l'histoire passionnante de ma rencontre avec un rockeur dont je n'ai jamais écouté un album, amen.

Et hop la visite continue à la vitesse de l'éclair, pendant que mon compagnon me raconte toutes les stars qu'il a rencontré « Ma préféré c'est Yoko Ono. J'ai une photo avec mon bras autour de ses épaules, mais elle ne veut pas que je la mette sur mon blog ». C'est joli Beverly Hills. Plus chaleureux que je ne pensais. Il continue à dire bonjour à tout ce qui passe. Au bout d'un moment, sans demander leur origine, il balance quelque chose dans une langue inconnue à trois jeunes filles, ce à quoi elles répondent dans la même langue avec un grand sourire étonné. Il me dit « c'est de l'hébreu. Tu sais comment j'ai deviné ? » Non, vraiment pas. « Elles ont des jupes en-dessous du genou, les jeunes filles ne portent plus de jupes en-dessous du genou aujourd'hui, à part les juives très pratiquante ». Ah bon… Je passais à ce moment devant une affiche de la ville où l'on voyait Gregg, bras ouverts dans son costume rouge, offrir la bienvenue aux touristes. Visite terminée : nous sommes arrivés dans un parking : « devine laquelle est ma voiture » Je vous laisse deviner : j'avais le choix entre plusieurs voitures quelconques « GMC » (la marque la plus appréciée aux States), une Renault (qu'est-ce qu'elle foutait là, elle ?), une Chevrolet verte, une Jaguar grise et une Mercedes rouge. Roulement de tambour… C'est votre dernier mot ? Eh bien oui, c'était la Mercedes rouge ! C'est qu'un concierge aussi fier et aussi bienheureux, surtout s'il pose cette question, doit avoir une belle voiture, pas une GMC ou une Chevrolet (oui la Chevy est une marque banale aux states). Mais la jaguar, pour être une belle voiture, était magnifique et discrète, d'un gris lustré. Non, les vrais riches achètent des voitures grises, ils n'ont rien à prouver. Les pas-assez-riches qui voudraient avoir l'air de l'être les achètent rouges (ou noires), car c'est l'image de la richesse selon la télévision.

Quoiqu'il en soit j'avais pu vérifier tout d'abord qu'il était vraiment payé par la ville, mais aussi que malgré son grain certain, la plupart des employés des hôtels et restaurants le couvaient du regard comme un gentil timbré qu'il est. Il me faisait beaucoup penser à « Pompédup », que tous les Toulousains connaissent : il est le fou le plus célèbre de la ville, qui chante du James Brown à tue-tête et à qui rien ne fait plus plaisir que de s'entendre répondre « Pompédup » par des passants amusés. Il a aussi la manie de faire des High Five aux inconnus quand il est très content, et il l'est toujours.

Je rentre donc dans la Mercedes -heureuse comme tout de ne pas avoir à trouver le bus jusqu'à la plage-, on discute tout le long du trajet qui s'est avéré très long (j'ai dû dire quelque chose déjà sur Los Angeles étant effroyablement grande). Il continue à parler de star. Il a une énorme culture, mais en même temps je sens bien que la seule chose qui importe c'est que lui-même soit une star : « je suis le concierge le plus célèbre du monde, tu vois ! Pense un peu à ça… ». Il me racontait comment Robbie Williams avait été jaloux parce que Gregg prenait une photo avec des filles plus belles que les siennes, et comment Pénélope Cruz était allé le voir en disant « mais je sais qui vous êtes ! » alors que deux jeunes filles les avaient rejoint et, ne reconnaissant pas Pénélope Cruz, l'avaient reconnu, lui. Puis on a parlé tabac. « Tu vois les cigares que je fume ? Avec le bout en bois ? Tu sais qui fume ces cigares ? Elvis Presley, Kennedy et moi. » La formule m'est resté dans la tête tout le reste de l'après-midi. On est arrivé chez lui. Ça c'est le moment difficile, après tout est plus simple. J'ai demandé à rester dehors pendant qu'il allait se changer dans sa mignonne petite maisonnette. Il n'a pas insisté, c'était un bon point. Après ça nous n'avons jamais quitté des rues où des plages fréquentées (quoique peu).

Santa Monica n'est pas une belle plage. Le soleil couchant et l'absence de touristes la rendaient un peu bucolique, mais c'était tout. Pour le reste ça sentait ce que j'appelle -seulement les jours où je suis méchante- le touriste « rôti de porc » : à savoir des touristes blanc et rose dont les maillots sont réduits à l'état de ficelle trop petites (parce que le régime « perdez 25kg en 8h » du magasine de ce printemps n'a pas fonctionné) et qui s'aplatissent au soleil en espérant que ça donne de l'appétit à une âme charitable, de préférence David Hasselhof, de préférence jeune. Bref, il n'y avait rien de tout cela mais tout était réuni pour qu'aux premiers jours de grosses chaleurs les-dits touristes viennent s'agglutiner sagement. Mais au bout il y a le quai où Tom Hanks court dans Forrest Gump, alors ça vaudrait presque le coup.

Gregg, mine d'information, continuait à me faire la visite en ramenant autant que faire se peut toutes ses anecdotes à sa propre personne. Je pouvais voir qu'il n'était vraiment pas dangereux, et même pas si fou que ça d'après les critères de la ville. Mais il était terriblement seul. Un vieil homme seul, qui a joué dans une centaine de films (la plupart du temps son propre rôle, la plupart du temps quelques secondes, la plupart du temps dans de mauvais films tels que « Crocodile Dundee à Los Angeles », « entre chiens et chats » ou « le flic de Beverly Hills »), célèbre sans l'être, cultivé sans l'être, fou sans l'être et même, c'est la le fin mot : triste sans l'être.

Il racontait donc. « J'ai été concierge ici, puis là, c'est surtout ma faculté avec les langues qui m'a permis tout ça. Et puis j'ai été embauché par la mairie de Beverly Hills pour accueillir les touristes. Je suis payé pour parler eux gens et aux stars. C'est formidable comme métier. Et je suis le seul au monde à faire ce métier ». Et il montrait des photos de lui avec Cameron Diaz, et puis David Carradine (« avant qu'il meure. C'est vraiment trop humiliant la façon dont il est mort ». Je vous laisse chercher…), et une autre avec Arnold Schwarzanegger : « il est sympa. J'ai voté pour lui. Mais il n'est plus gouverneur depuis hier. Là il était venu me féliciter pour la façon dont je représentais Beverly Hills ». Je l'attends à l'arrière du bar, désert ou presque, pendant qu'il va commander les boissons en me laissant volontairement avec quelques prospectus et photos où il apparaît, toujours avec sa sacrée veste rouge et son chapeau haut-de-forme. Il est revenu avec un pichet de bière et un pichet de vin blanc.

L'alerte était lancé. Pourquoi faut-il que tous les hommes avec qui je discute veuillent me rendre ivre ? Alors j'ai enclenché le mode « retrait en douceur » que je n'aurai jamais autant utilisé qu'en Californie. Je me sers un verre, je lui dit que c'est le dernier, tout en sachant que ça ne le sera pas. Il dit oui, je bois mon verre. Je lui dis que je dois y aller, il veut me resservir de force. Je refuse, mais ce genre de refus a tendance à rendre les hommes seuls tristes (c'est-à-dire impuissants), donc j'accepte. Je me sers un petit verre, il est content de cette petite victoire, je finis mon verre, lui dis que je dois y aller, et je m'y tiens. Il a eu sa victoire, et il sait qu'il ne pourra pas gagner à tous les coups. Là en général en fonction de la fierté de l'homme en question ça retombe en enfance, tape du pied et boude (ou presque, mais avec Gregg c'était quasiment le cas), c'est le moment facile : le moment où tu te lèves, tu prends malgré tes 23 ans la voix de berceuse la plus maternelle possible et tu lui dis « voyons, je t'avais dit que je devrais y aller, non ? On a passé la moitié de l'après-midi ensemble, c'était très bien, maintenant je dois prendre mon bus ».

Il m'a indiqué l'arrêt de bus en ne sachant pas s'il devait bouder ou pas, et a finalement ôté son air d'enfant pour en revenir à ce qu'il faisait le mieux : il m'a dit au revoir en français, m'a fait la bise, ma dit quelque chose sur lui-même et Facebook, et m'a regardé partir.

Seul il ne semblait plus maintenant qu'un pauvre homme triste avec deux pichets d'alcool dans la cours arrière d'un bar de poivrots. C'est en attrapant le bus que j'ai réalisé que j'aurais dû lui demander une photo de lui. Ça lui aurait plu, pour sûr ! Et puis il n'est rien moins que le concierge le plus célèbre du monde !


Pensez un peu à ça.


Je vous passe les détails que vous connaissez maintenant parfaitement sur la galère que cela a été de rentrer jusqu'à chez moi (malgré le fait que les indications de Gregg aient été parfaitement justes). Mais je suis arrivée sur Hollywood Boulevard relativement tôt. J'avais aussi inscrit sur ma liste de la journée d'aller voir le panneau Hollywood de plus près, mais l'idée d'aller à la chasse au bus encore une fois me donnait la nausée. J'avais fait assez d'heure de route comme cela : chaque déplacement d'un endroit à l'autre, c'est au minimum 1h30 de transports. J'ai donc décidé de trouver quelque chose à faire sur Hollywood Boulevard. Je suis passée devant le Chinese Theater, où l'on fait depuis quelques années la remise des oscars. Le film qui y passait semblait assez mauvais (Nicolas Cage est en pleine crise du « père » : divin, spirituel, de famille) qui lui fait choisir des films de mauvais goût, et à la morale douteuse. Mais la place n'était pas très chère. Je suis entrée dans ce magnifique cinéma de carton-pâte comme je les aime, très grand, où j'étais quasiment seule. Le film était aussi mauvais qu'il promettait de l'être. Avec une mention spéciale pour la morale « vous savez les femmes qu'on traitait de sorcières et qu'on pendait à une époque ? Ben on a bien fait, c'était vraiment des sorcières. D'ailleurs toutes les femmes du film sont des sorcières et les héros, ben ce sont les croisés, parce que c'est bien connu les croisés c'était les gentils et tous les autres c'étaient les ennemis de Dieu ». Au passage, je remarque que ça fait le deuxième film en deux ans que je vois et dont le thème est « toutes les femmes sont des sorcières (je parle de Antichrist de lars Von Trier et de Season of the Witch) et ça commence à m'inquiéter sérieusement quant à la mentalité grandissante des réalisateurs (j'irai me consoler en allant voir le dernier le film de Sophia Coppola avec mon papa, parce que c'est l'histoire d'une jeune fille en vadrouille avec son père, apparemment).


Ceci dit j’‘aurai donc vu la salle des oscars, et aujourd'hui je repars vers San Francisco, que j'ai appris à aimer pendant ces deux semaines. Demain mon avion m'attend pour la France, j'aurai je pense un pincement au décollage, après 4 mois et demi aux Etats-Unis, mais comme on se dit toujours « j'y retournerai ». Puisqu'il faut bien finir une histoire en beauté, je laisse mes derniers mots imiter les scénario que j'ai appris à écrire au cours de mon voyage :


« The End ».




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

3 août 2023 : Summer Camp au Mont Dore

Aujourd'hui j'ai vu le vent danser. La littérature ne s'en lasse pas : les feuilles qui dansent sur les arbres, les fichus sur l...