samedi 18 septembre 2010

18 septembre 2010 - New York vol.12

New York City : No mercy (New York : Pas de pitié). C'est ce que quelqu'un a écrit en énorme au sol devant ma fenêtre. Je ne sais pas dans quelle New York les jeunes des gangs que je croise parfois dans la rue vivent, mais ce n'est pas la même que moi.

Je m'étais figuré que dans une aussi grande ville les gens seraient comme ils sont à Bordeaux, ou à Paris : froids et distants au premier abord, aveugle à ceux qu'ils croisent et sympathique seulement à ceux qu'ils rencontrent. Non que j'ai quelque chose contre cette façon de vivre, mais j'avais tout faux. Les gens me parlent. Constamment. Certes, comme dans tous les pays mon style vestimentaire un peu décalé, n'est pas innocent de cette familiarité, mais comme des enfants ils sont curieux, peu discrets, ils aiment et n'aiment pas avec emphase. Les gens me demandent où j'ai acheté ci ou ça, si je l'ai fabriqué, combien ça m'a coûté, d'autres m'arrêtent dans le rue “J'adore ton manteau” “J'adore ton manteau” “J'adore ton manteau” “J'adore ta coiffure (?!)” “J'adore ton manteau”. Dans le même acabit, j'ai croisé un homme avant d'entrer dans le bus (des travaux sur ma ligne de métro) qui me trouvait très belle à ce qu'il disait. Il était rigolo avec sa moustache et sa casquette, alors je lui ai sourit et je suis rentrée dans le bus. A l'intérieur, j'ai regardé les gens entrer à ma suite, avec les dix gamins qui cherchent à s'éparpiller ou à grimper aux vitres, les poussettes qui fut un temps étaient conçues pour se replier mais rechignent et grincent au bout du 4ème bambin, les tatouages stupides, etc. Cinq minutes plus tard, au moment où le bus démarre, j'ai jeté un œil par la fenêtre et le moustachu était là, à me regarder, et quand le bus a démarré il m'a fait au revoir de la main et m'a lancé un baiser. J'ai trouvé ça hilarant.
Arrivé à destination je me suis arrêtée sur une petite place où un jeune homme d'une trentaine d'années m'a regardé un moment en silence avant de venir me voir pour me dire “bon, vous êtes d'où ?” Je lui ai répondu, et il était rassuré en quelque sorte, et il ne cessait de répéter “je demande ça à cause du code vestimentaire”. Il était à New York depuis quinze ans. “Et vous vivez de quoi ?” - “Je fais de la musique. Mais… Undiscovered.
Oui je sais, au cinéma aussi on est tous "undiscovered”.
Une petite punkette (“j'adore ton manteau”) a tenu à partager une cigarette avec moi, pendant que je regardais un peu sarcastique les tatouages des passants. Presque tous sont laids, la plupart sont des prénoms avec cette typographie tout en courbes des gangsta : “Audrey”, “Jennifer”… j'ai même vu écrit “John” dans le cou d'un garçon qui portait aussi un crucifix très travaillé et très… gros. Au restaurant, je n'avais pas mangé depuis un petit moment (j'avais cherché pendant une heure un bar à sushi qui s'est avéré fermé), et j'avais l'air fatigué. Le patron au passage me demande “ça va, hein ? T'as l'air triste”. Il a été rassuré par mon appétit. La communication est un mode de vie, ici. Mais pas sous toutes ces formes :
Mon colocataire a porté une plainte pour “nuisance sonore” parce que des ouvriers nous ont réveillé ce matin (samedi) à 9h30 alors que les dérogations du week-end ne permettent de travailler qu'à partir de 10h. C'était à ma fenêtre exactement (j'ai vu un homme débarquer devant ma fenêtre du 18ème étage alors que je m'habillais, ça fait son effet) et c'était épuisant, mais je suis persuadée que n'importe quel européen se serait contenté de grogner, de s'énerver… et finalement d'aller voir ailleurs s'il y est. Ce qui ma foi a été mon cas.

Je réalise alors, à parler à tous et toutes avec le même naturel, que c'est une ville pleine de bruit, mais que ce bruit n'est pas toujours vain…


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