Je me suis assise au bord de l'Hudson River, comme chaque soir au moment du coucher du soleil. Je vais manger là-bas en regardant le soleil passer derrière les quelques buildings qui ne sont plus Manhattan. Et ce soir j'étais un peu seule, un peu pensive, un peu le regard à l'abandon qu'ont les gens romantiques quand ils n'écrivent pas de poèmes.
A côté de moi un grand homme noir de 35 ou 40 ans amusait sa petite fille pleine d'énergie, et à mes yeux leur manège passait dans un ralenti esthétique. Alors je les observais du coin de l'œil en souriant. Et lui me regardait du coin de l'œil comme pour avoir dans mon regard le témoignage de l'amour qu'il portait à sa fille.
Le manège a duré un petit quart d'heure, nous avons échangé deux phrases de politesses de type “bonjour, joli coucher de soleil” pour justifier nos regards respectifs, après quoi ils se sont préparés à partir. Au passage le père m'a dit “Hey Miss, I think you should have a little ganja” (Hey miss, tu devrais prendre de la beuh). J'aurais pu rentrer dans une longue discussion sur pourquoi diable il pensait que j'aurais envie de beuh, ou pourquoi dans le choix très étendu des conversations possibles il avait choisi celui-ci, mais j'ai préféré suivre la légèreté du moment et simplement répondre “I know” (je sais).
Sa fille avait profité de ce répit pour s'échapper à nouveau, et le père, tout en la regardant escalader une statue plus haute qu'elle (80cm ?) avec un casque d'aventurière vissé sur la tête, s'est penché vers moi et a déposé sur mon plateau repas un petit sachet d'herbe.
En me souhaitant le bonsoir, il s'est échappé avec sa miniature derrière lui.
En repartant, j'ai donné quelques sous à une SDF, et ma journée était faite. Il en faut peu pour donner un sens à une journée, et pourtant c'est un travail… de tous les jours.
samedi 25 septembre 2010
25 septembre 2010 - New York vol.15
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 août 2023 : Summer Camp au Mont Dore
Aujourd'hui j'ai vu le vent danser. La littérature ne s'en lasse pas : les feuilles qui dansent sur les arbres, les fichus sur l...
-
Aujourd'hui j'ai vu le vent danser. La littérature ne s'en lasse pas : les feuilles qui dansent sur les arbres, les fichus sur l...
-
La rando-jazz, dans son principe même, ne ressemble à aucun autre spectacle de jazz. Il y a la carrière de pierre, les groupes qui ont l'...
-
Ça fait quinze ans que je trimballe un bout de blog à l’extrémité d’une ficelle, que je le balade sur diverses plateformes pour témoigner de...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire