vendredi 3 septembre 2010

3 septembre 2010 - New York vol.3

C'est une drôle d'idée, cette école. J'ai choisi mes cours, et me voici avec un week-end de… 5 jours. Je vais avoir le temps de m'intégrer à la vie New-yorkaise, je pense. Pour moi c'est parfait : peu de cours, mais ceux que je veux (décor de cinéma, adaptation de nouvelle, sujet et personnages, montage, introduction au travail d'acteur), et beaucoup de temps libre pour aller grappiller un peu de poésie et de sensations tout autour de cette belle ville. Peut-être même un moment pour aller au Canada, qui sait ?
Guide du routard en poche, toujours à la recherche de quelque chose qui puisse se manger, je pars sans but précis dans la ville. Chaque fois que je m'arrête, quelqu'un me demande si j'ai besoin d'aide. Même les grands-mères, de celles qui ont une tête à sortir leur bombe lacrymogène pour un pas de trop… mais pas ici. “Do you need help ?” “Do you need help ?” “Do you need help ?” “DO YOU NEED HELP ?”
Bon, c'est décidé, je ne m'arrête plus. Je marche, toujours tout droit, avec l'air décidé, l'air d'aller quelque part, l'air d'être une new-yorkaise qui aurait fait un régime. Je me retrouve à Wall Street, et c'est pas beau. C'est trop propre, trop conservé, trop conservateur, trop… désanimé. Je suis sauvée de la propreté ambiante par les travaux titanesques du World Trade Center. Ils y reconstruisent d'autres tours, plus hautes, plus belles. C'est quelque chose que les New Yorkais savent faire. J'aurais préféré qu'ils y laissent une dalle géante, voir un trou, une vide aussi fascinant qu'inquiétant qui aurait mieux illustré la plaie et la frayeur qu'a laissé cette journée dans les coeurs des new- yorkais. Mais un trou, c'est pas rentable. C'est pas positif. Et puis, bien sûr, c'est moins viril qu'une haute tour surmontée d'une flèche (eh oui !) pour prouver à “l'axe du mal” que l'Amérique, au moins, elle en a dans le pantalon.
Je me balade encore un peu, je discute en américain dans le métro avec une jeune fille à l'accent étranger… qui s'avère être française ; je dois retrouver mes amis pour aller au cinéma, ils ne viennent jamais au rendez-vous (ils se sont perdus dans New-york à la recherche d'un supermarché abordable). Il est 7:15pm (19h15), je suis à Harlem, la nuit va tomber, que faire ? Et là, une illumination : je rentre dans le métro, et je redescend tout New-York (ma foi, ça prend du temps) jusqu'à la pointe, j'entre dans le premier Ferry pour Staten Island et je profite la vue. Mission accomplie : me voici regardant le coucher de soleil sur New York et la statue de la Liberté. Après plusieurs jours à m'étonner de la grandeur de cette ville, de son aspect spectaculaire, pour la première fois j'en observe la poésie. Du Ferry, la Statue parait petite, de la taille de mon pouce j'ai vérifié, et les grands buildings éclairés ne sont que des centaines de petits points qu'un impressionniste cubiste aurait balancé sur une petite toile modeste. Et ce n'est qu'en retrouvant la petitesse de New York, dans le balancement paisible d'un gros bateau, que je remarque à quel point il y a du charme dans ces points de lumière, dans cette petite statue, dans ces bruits éloignés. Et ce charme ne me quitte pas même quand un second Ferry me ramène au cœur de la grande ville. Au cœur de la petite ville qui joue la grande.


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